De nos jours, dans une prison. Il – l’auteur ne lui donnera jamais de prénom – va bientôt sortir. Il n’attend qu’une seule chose : revenir chez Lui pour retrouver sa mère, forcément vieillie après qu’Il eut passé douze ans derrière les barreaux. Et Il espère que sa mère Lui parlera et Lui pardonnera. Car elle sait ce qu’Il a fait, et surtout pourquoi Il a tué son père.
D’entrée on est saisi d’un vent glacial qui nous parcourt l’échine. D’autant plus que je ne regarde jamais les résumés derrière les livres que je choisis le plus souvent à la texture, à la couverture. Je préfère la surprise à une lecture dirigée. Ici, la surprise est totale, c’est donc un roman sur un parricide.
Et pourtant, au fil des pages, on se dit que non, il y a autre chose. Il n’est pas un monstre, puisqu’Il aime Marianne, qu’Il aime sa mère. Bien sûr Il n’a plus de rapport avec son frère, et Il avait, avant l’événement, des rapports difficiles avec son père à qui Il ne parlait pratiquement jamais. Mais de là à le tuer, il y a un monde.
Brigitte Giraud distille savamment les indices et les informations quant à cette disparition tragique du père, tout en saupoudrant le tout d’un fort humour noir. Très noir oui. Parce qu’on a aussi l’impression qu’Il est mieux en prison que chez Lui. A l’extérieur, Il a certes sa Marianne, cependant tout est glauque entre une cité et une maison négligée en passant par une chambre des parents fermée à clef. Et en prison, Il a Mario, plus âgé que Lui, mais avec qui Il partage une amitié sincère. Et en comparaison à chez Lui, la prison paraît plus gaie. Ici tout le monde se parle, alors qu’à la maison, c’est la loi du silence.
Une inversion des fondamentaux un peu étrange qui rend le livre original et captivant. Une grande réussite
La chambre des parents
Auteure : Brigitte Giraud
Editeur : Fayard
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