Comment adapter au cinéma le chef d’œuvre intemporel de Saint-Exupéry, selon Mark Osborne ? En reléguant Le Petit Prince au rang d’objet narratif, mais en conservant le message émouvant de l’œuvre originale.
L’histoire du film n’est pas celle du Petit Prince, comme son titre pourrait le laisser croire, mais celle d’une petite fille, survoltée et curieuse comme toutes les petites filles (ou presque) des films d’animation américains. Elle est tiraillée entre sa fougue et les ordres de sa mère, qui veut lui imposer une vie réglée à la seconde près. C’était sans compter sur le nouveau voisin de la petite vie, qui n’est autre que l’aviateur, excentrique et un peu fou, du roman de Saint-Exupéry. L’aviateur, devenu vieux, va commencer à raconter à la petite fille son aventure auprès du Petit Prince.
Le choix du film de traiter Le Petit Prince comme une histoire dans l’histoire s’avère n’être qu’un moyen d’insérer un schéma narratif extrêmement classique, au travers de la vie de la petite fille. Osez dire que la relation fillette-aviateur n’a aucune ressemblance avec celle des deux personnages de « Là-haut », par exemple.
Du même coup, le Petit Prince étant repoussé au second plan, Osborne ne nous en offre que les passages et les citations les plus célèbres, ravivant quelques souvenirs de lecture de jeunesse, mais sans jamais atteindre l’ampleur émotionnelle du roman.
L’histoire dans l’histoire implique également une animation à deux vitesses. Les parties racontant les aventures de la petite fille sont en animation de synthèse et les flash-backs sur le Petit Prince sont animés en image par image. Il faut bien reconnaître que l’animation de synthèse est techniquement réussie et offre son lot de malice et d’inventivité tout au long du film. Pourtant, cette technique d’animation est bien vite oubliée au profit des passages en image par image. La beauté de cette technique et, surtout, la maestria avec laquelle elle est utilisée tiennent tout le long-métrage, à tel point qu’on n’en vient à attendre chacun de ces segments avec impatience, en laissant un peu tomber la petite fille.
Le film de Mark Osborne n’échoue donc pas totalement à créer une ambiance nostalgique de l’enfance, en partie grâce à une bande musicale souvent légère et malicieuse, notamment marquée par les chansons originales de Camille. Le film n’est pas tout à fait honnête envers l’œuvre originale mais, au final, on ressort tout de même du film avec une certaine joie enfantine et l’envie de se détacher un peu de la réalité. Restez enfant, c’est ça le message fondamental et universel de Saint-Exupéry et le film d’Osborne, bien qu’imparfait, nous le transmet très clairement et nous rappelle une fois de plus qu’ « on ne voit bien qu’avec le cœur. »
Vincent Annen
Le Petit Prince
De Mark Osborne
Avec les voix de Mackenzie Foy, Riley Osborne, Jeff Bridges
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