S’il vous plaît ! quelles que soient vos amours et votre passion pour Douglas Kennedy (j’espère que vous aurez remarqué ma subtilité de pluriel pour rester dans le féminin) ne lisez pas ces trois romans à la suite… Prenez le temps d’une ample respiration entre chaque. Lisez si possible un bon polar des familles avec psychopathe nauséeux ou un San Antonio (du père ou du fils, l’esprit est encore là).
Comme j’appartiens à la gent masculine, je ne saurais vous dire si ces trois romans parlent des femmes avec finesse et justesse, mais il me semble que Douglas Kennedy sait parfaitement parler aux femmes. Je pense que certains passages et comportements relèvent au-delà de l’époque où il se situent – Sara, par exemple et son amour impossible pour un petit salaud « innocent » – de l’exagération littéraire, celle qui met le personnage en évidence, qui le stigmatise car on s’attache à lui, plus que du réalisme. Sally Goodchild relève quant à elle de l’outrance qu’une bonne comédienne pourrait avoir envie de jouer dans un registre « mélodramatique » (Susan Sarandon jeune ?). Elle souffre d’une violente dépression post natale. Et là je pense que les hommes décrochent. Difficile de suivre ce comportement dont on ne comprend pas les tenants et les aboutissants. En revanche, les femmes doivent trouver auprès de Sally des échos de « L’arrache-cœur » de Boris Vian, c’est du moins ce que je crois. Et en tout cas elles ne peuvent que considérer l’héroïne comme un exutoire passionnant. Pour ce qui est d’Hannah, la dernière des jeunes femmes présentées ici, – il faut signaler que sa parenté avec l’Emma Bovary de Gustave Flaubert revendiquée par l’auteur dans sa préface me parait très très lointaine et discutable – elle va se retrouver en butte au monde masculin et devoir s’en sortir seule, par elle-même…
Quelle lectrice ne peut se réjouir être enthousiasmée par ces héroïnes qui lui montre comme sortir des moments où les choses ne vont pas comme on le voudrait ?
Vous avez compris ce que je veux dire quand j’écris que Douglas Kennedy sait parler aux femmes. J’ajouterai que ce qui semble justifier sa réussite est garanti par une qualité d’écriture – souple, fluide, dense – que la traduction n’a aucun mal à rendre.
Bonnes lectures.
Mes héroïnes
Auteur : Douglas Kennedy
Editeur : Omnibus
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