J’ai un gros reproche à faire à ce livre, gros parce que double. Pour ma part et pour celle du lecteur : pourquoi avoir fait l’économie d’une banale pagination ? Comment puis-je vous signaler une photo plutôt qu’une autre ? Comment pourrez-vous indiquer à vos amis quelle page en particulier vous émeut ? Je ne pense pas qu’il s’agisse de questions oiseuses, d’autant plus que le livre est passionnant.
Avant de devenir photographe, Matt Van der Velde a été soldat et a souffert de dépression et de syndrome de stress post traumatique, il a été formé en sociologie et s’intéresse ici aux hôpitaux psychiatriques. Ses photos conservent la trace de ce qui est voué à disparaître.
Et bien sûr les lieux photographiés sont vides d’humains. Mais pas de leurs traces. Regardez bien la couverture et ses deux fauteuils dont un a encore sa sangle. Difficile d’imaginer les patients et les soignants. Et pourtant ces derniers n’auraient sans doute pas laissé le plafond et les murs se dégrader autant. En voyant les façades austères de ces institutions qui donnent l’impression d’être simplement fermées on ne pense pas à l’état d’abandon de leur intérieur. Comme en voyant une personne il peut être difficile de l’imaginer souffrant de troubles mentaux. Et soudain au détour d’une page on peut avoir le sentiment de se retrouver dans le Nautilus en attente d’un concert d’orgue donné par le Capitaine Nemo (on se souviendra qu’en hommage à Ulysse, Nemo en latin signifie Personne) devant une belle flambée.
Même si l’on considère que les traitements psychiatriques ont changé et que les photos traitent d’un temps révolu, faites attention, certaines photos ont un petit côté déprimant, fortement chargées d’humanité.
A déguster lentement.
Abandoned Asylums (textes en anglais)
Auteur : Matt Van der Velde
Editeur : JonGlez
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