La couleur de ce livre devrait vous tirer l’œil, la couverture est subtile et discrète. Il s’agit de la réédition du premier roman publié de C.F. Ramuz. Et je vous conseille vivement de commencer par l’introduction de Daniel Maggetti. Elle a le mérite de donner envie de lire ce qui la suit dans la mesure où elle situe l’œuvre par rapport à l’auteur, à l’époque et au genre. Je vous avoue qu’une remarque concernant le nombre de « comme » utilisé par Ramuz a un peu modifié mais façon de lire.
L’auteur à qui est dédié « Aline » avait préconisé d’écrire des romans du terroir. Et si vous aimez le couleur locale, le pittoresque vous allez apprécier.
A coup de phrases courtes, sèches – comme des touches brèves de peinture – Ramuz décrit la rencontre de deux mondes. Celui de Julien Damon et celui d’Aline qui vit avec sa mère Henriette. Vous avez remarqué ? Ce Julien a un patronyme qui manque aux deux femmes… Nous sommes en présence d’un monde de nantis différent d’un monde de gens ordinaires… Je ne vous raconte pas l’histoire d’Aline mais sachant que ce récit date du début XXème vous imaginez facilement de quoi il peut être question. Vous voyez, le genre de sujet qui faisait des femmes les victimes d’un système social impitoyable et accusateur.
Étrangement, malgré la date d’écriture et les nombreux remaniements d’une part et d’autre part les annotations qui expliquent le sens ancien de certains mots et expressions – initiative heureuse – cela se lit avec une très grande facilité et un plaisir, à mes yeux, évident. Celui qu’offrent les œuvres dont on sent que l’auteur les aime et les déteste en même temps… Ces œuvres que l’écrivain peut trouver ingrates et qui pourtant au fil du temps acquièrent toute leur dimension.
A lire au calme en savourant.
Aline
Auteur : C.F. Ramuz
Editeur : Zoé
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