Seulement un an après le fantastique Origins, Ubisoft décide de nous sortir un nouvel Opus de sa franchise phare Assassin’s Creed avec Odyssey. Après l’Égypte des pharaons et du sable chaud, Ubisoft Québec nous fait voyager dans la Grèce antique pour arpenter ses îles montagneuses ornées d’oliviers. Développé en parallèle d’Origins, mais avec un an de plus pour peaufiner son bébé, Odyssey permet-il de proposer vraiment quelque chose de différent?
Assassin’s Creed Odyssey n’est pas une suite chronologique à Origins. L’aventure se déroule 400 ans avant celles de Balek et suit l’odyssée de Kassandra ou d’Alexios. Car oui, une des premières nouveautés de cet Assassin’s Creed Odyssey, c’est le choix du héros que l’on incarne. Kassandra une guerrière redoutable qui n’a pas froid aux yeux ou Alexios un mâle alpha dans toute sa puissance. Si dans Syndicate, on pouvait switcher d’un personnage à l’autre et qu’une complémentarité était de mise, dans Odyssey, ce n’est pas le cas. On a un personnage féminin ou masculin. Pour le reste cela ne change vraiment pas grand-chose au final. C’est tout du moins sympa de choisir, même si l’impact sur l’aventure est négligeable.
Je fais ce que je veux, comme je veux
Le jeu commence par une bataille épique. Celle des 300 Spartiates menés par Leonidas contre les armées de Xerxès. Genre de tutoriel habituel afin de montrer les aptitudes surpuissantes d’un personnage monté avant de tout nous enlever quelques minutes plus tard. Puis aux commandes de notre héros ou héroïne, le vrai jeu commence et on se sent comme à la maison. Si les décors ont changé, le gameplay reste très fidèle à celui d’Origins. Le feeling est très similaire. On est libre comme l’air pour gambader n’importe où, grimper partout et nager dans les profondeurs de la mer Egée. Que ce soit pour les déplacements ou les combats, ceux qui on fait l’épisode de l’an dernier ne seront pas dépaysés. Cependant, Odyssey apporte aussi son lot de différences. Pour commencer, le jeu est toujours un jeu d’action, mais ajoute un aspect beaucoup plus RPG avec plus de personnalisation dans son personnage et du côté scénario qui lui-aussi propose des choix dans les dialogues et plusieurs embranchements et arcs scénaristiques.
Autre changement dès le début du jeu, on peut choisir de jouer en mode guidé ou en mode exploration. Le mode guidé est le mode classique et habituel des Assassin’s Creed. On le connaît déjà avec des objectifs claires et permanents qu’il faut suivre presque aveuglement. Le mode exploration, lui, va demander aux joueurs de s’investir un peu plus et chercher les objectifs en se renseignant auprès des gens. Avec les indices récoltés, une zone d’intérêt permet de s’approcher de l’objectif. Plus difficile et plus long que le mode guidé, le mode exploration est aussi plus immersif et intéressant, car on s’implique plus dans l’aventure.
Odyssey a pour vœu pieux de créer une expérience sur-mesure qui se façonne au gré de ses choix et de ses actions. C’est ce nouvel aspect RPG-esque qui est très intéressant dans le jeu. En plus de pouvoir personnaliser son style de jeu avec les capacités et les compétences, au fil de l’aventure, on est amené à prendre des décisions qui ont un impact à court, moyen ou long terme, via ses actions ou en fonction des réponses à choix multiple dans les conversations. On peut décider d’aider de pauvres gens en les sauvant. On peut aussi décider de les tuer et de les dépouiller de leurs biens. Ces décisions mèneront à obtenir certaines quêtes, mais aussi à en perdre d’autres, tout en se forgeant une réputation. Attention à ne pas se faire duper.
En ce qui concerne la trame principale, les décisions et actions pourront modifier la trajectoire « normale » des événements et la fin du jeu. Si les bouleversements scénaristiques sont nombreux, ils restent souvent un peu superficiels et pas toujours évident à saisir. Si le choix est parfois flagrant comme prendre ou épargner la vie d’un personnage. A d’autres reprises, il est plus subtil et moins manichéen qu’il n’y parait. Les conséquences peuvent être lourdes.
Bienvenue chez les Grecques
Assassin’s Creed Odyssey est un jeu magnifique qui en met plein les yeux. Le jeu redonne vie à une Grèce antique parfois oubliée ou figée dans les livres d’histoire. On visite des temples qui tiennent encore debout, qui sont meublés, décorés et habités. Les statues des divinités grecques et les fresques colorées exposent la puissance et l’éclairement du peuple grecque à son apogée. Explorer les terres et les îles grecques est un réel plaisir. La carte est vraiment immense. Le terrain est très montagneux et très sauvage et forestier. On retrouve des lieux mythiques comme Elis, le berceau des jeux olympiques, Athènes avec ses temples et marchés ouverts, mais aussi Mykonos ou Lesbos avant d’être ce qu’elles sont aujourd’hui. C’est souvent ce qui est bien avec les Assassin’s Creed, on voyage, on découvre, on s’amuse et mine de rien on apprend plein de choses intéressantes pour notre culture générale.
Si le jeu est très beau et immense, il n’est pas parfait non plus. Les textures de la végétation et surtout de certains rochers sont parfois très faibles et gâchent un peu le magnifique tableau qu’avait fait Ubisoft Québec. Il y a pas mal d’éléments repris d’Origins qui font copier-coller. Les forts, les temples, les villes, beaucoup de choses rappellent trop certaines zones de l’Egypte, bizarrement. On change une statue égyptienne pour une statue grecque, un coup de peinture et emballez, c’est pesé.
Un vrai jeu drôle
Le côté RPG dans Odyssey est on ne peut plus au cœur du gameplay. Le côté narratif est beaucoup plus poussé et abouti que dans Origins, avec différentes trames scénaristiques, des dialogues à choix multiples, une progression personnalisable, une réputation variable et ainsi de suite. La personnalisation du personnage est aussi très importante. Au fil de l’aventure, on amasse beaucoup de loot. Le héros progresse et devient toujours de plus en plus fort. On peut être un joueur plutôt assassin discret ou plutôt chasseur ou encore un guerrier sanguinaire. Tout dépend, des armes et des compétences que l’on attribue à Alexios ou Kassandra. Toujours basé sur le leveling, les points de compétences sont chers. Tous les coups spéciaux et pouvoirs sont des aptitudes à attribuer dans quatre slots différents et que l’on peut activer en combat ou en phase d’infiltration ou autres selon la situation et les besoins. Il y a un cool down à attendre avant de pouvoir réutiliser une compétence. C’est comme dans World of Warcraft, League of Legends et autres jeux du genre.
Niveau compétence, il y a un peu de tout. Ça va du célèbre coup de pied spartiate à l’invisibilité totale en passant par ralentir le temps pour frapper ses ennemis. D’autres capacités sont plus classiques comme les assassinats furtifs, être maître archer, les frappes chargés, etc. Dans Odyssey, on n’a pas une barre de super qui se remplie, mais plusieurs barres, ou segments d’adrénaline, qui octroient l’utilisation des pouvoirs. On n’a plus vraiment plusieurs types d’arcs comme dans Origins. Là, on va plutôt améliorer les capacités du héros à utiliser son arc de différentes manières via les compétences.
Un gros souci de cet Assassin’s Creed Odyssey, c’est le fait qu’il force le joueur à farmer, à grinder ou à leveler. Choisissez le terme que vous voulez, faudra faire des quêtes secondaires, des forts, de la chasse, tuer, tuer, tuer, encore et encore pour avancer dans la trame principale. On sent vraiment les « murs » que les développeurs ont mis pour freiner la progression du joueur dans le jeu. Il suffit de quelques niveaux supérieurs au héros pour ne pas pouvoir continuer l’aventure. Du coup, on est obligé à faire des forts et des missions secondaires d’un intérêt souvent plus que limité. Alors bon, on peut aussi payer! En voilà, une bonne idée. Pour ceux qui n’auraient pas le temps ou la patience, Ubisoft a pensé à tout avec des booster pack payant dans les boutiques du jeu. Bref, passons. Rien n’est indispensable dans la boutique.
Après est-ce que toutes ces améliorations et changement vers un jeu plus RPG plaira à tous les joueurs ? Certainement pas. Ça reste encore très orienté action, mais dérive gentiment vers une expérience plus riche et complète basé sur le leveling avec ses avantages et ses inconvénients. Assassin’s Creed doit évoluer, mais il doit aussi garder son identité qui lui est propre. D’ajouter du contenu à foison c’est bien, mais qu’il soit intéressant à faire et surtout optionnel en laissant la liberté aux gens de progresser naturellement et comme ils le veulent dans leur histoire. C’est bien de prôner la liberté de choix et les différents scénarios, les missions qui s’ajoutent et s’enlèvent par rapport à nos choix, etc., etc. Mais le choix de ne pas vouloir passer 15 heures de jeu à faire des quêtes annexes du genre fedex à cueillir des plantes pour gagner 3 niveaux et être capable de faire ma quête principale, il est où? Il y a un mode facile, vous me direz. Mais même là, il est nécessaire de grinder. La progression naturelle des missions principales ne suffit pas, même en facile. Ce n’est pas une question de difficulté, mais de temps pour leveler. Ce qui est une barrière artificielle à la progression dans un jeu.
Il est où le crédo?
Odyssey, est le premier Assassin’s Creed dans lequel on n’est pas un assassin. C’est étrange, mais la confrérie des assassins n’a pas encore été créée. On est juste un soldat à la solde d’Athènes ou de Sparte qui fait le sale boulot pour servir l’intérêt général ou ses propres intérêts. Les templiers ne sont pas là non plus. Il y a le culte de Kosmos dont les membres sont plutôt des êtres corrompus. Alexios ou Kassandra devra découvrir leurs identités et les assassiner. Sinon, un système de mercenaire a été ajouté au jeu. Les mercenaires sont des individus qu’il faut combattre pour assoir son emprise sur la Grèce. Avec la réputation du héros que l’on forge en tuant ou en volant dans les maisons et magasins, la prime sur sa tête augmente et attise les convoitises. Des mercenaires nous prendront en chasse pour nous combattre. Les mercenaires vaincus donneront du loot intéressant et pourront parfois rejoindre nos rangs et travailler à nos côtés. Il faut trouver les différents points faibles pour prendre avantage et exploiter les failles. C’est très similaire au système de Némésis de Shadow of Mordor. Les mercenaires sont aléatoires et inépuisables. C’est aux joueurs de savoir combien de temps ils veulent y passer pour améliorer leur flotte.
Les bateaux sont toujours là. Encore une fois, ça ressemble plus aux bateaux d’Origins qu’à ceux de Black Flag. La personnalisation du bateau est plus poussée aussi. Il faut réunir beaucoup de ressources pour améliorer son bateau. Sinon c’est très proche de ce qu’il y avait dans Origins. Les archers tirent des flèches. Il faut viser les points sensibles. Mais surtout, il faut foncer, tel un bélier, dans les navires pour les briser en deux ou passer à l’abordage. Toujours aussi arcade, c’est un poil plus important et intéressant que dans Origins, mais on est loin de piraterie de Black Flag.
On dit c’est bien?
Assassin’s Creed Odyssey est peut-être le meilleure Assassin qu’Ubisoft à créer et marque peut-être un nouveau tournant pour la série qui devient de plus en plus un action-RPG. Pourquoi ? Premièrement, le jeu se base sur le gameplay d’Origins qui a fait un excellent travail pour la franchise en rafraichissant le gameplay. Les commandes sont plus simples et plus souples. On se sent en contrôle et moins sur un rail. On peut aller partout pratiquement librement et sans contrainte. Tout est moins rigide que dans Syndicate. Les combats sont plus dynamiques. On peut viser avec l’arc facilement. La personnalisation est plus facile avec des menus mieux pensés et ergonomiques. Si tout n’est pas encore parfait, c’est vraiment un renouveau pour la série.
Et deuxièmement, Odyssey apporte à son tour de nouvelles composantes pour enrichir encore plus le gameplay et l’expérience du joueur. Avec un an de plus de développement Ubisoft Québec a eu le temps de s’attarder plus le scénario et la personnalisation. Il est plus riche et beaucoup mieux écrit qu’Origins. Les personnages sont mieux écrits et les dialogues mieux travaillés. Le choix multiple dans certaines conversations qui a un impact sur la suite est très bien amené, mais si les conséquences ne sont pas toujours très poussées. Il y a plusieurs arcs principaux dans le jeu et plusieurs fins différentes. Il faut aussi parler du setting. On est en Grèce antiques. En ce qui concerne la mythologie, il y a de quoi faire. Ubisoft a fait le travail en incorporant des créatures mythiques comme la méduse et d’autres dont je ne vous spolierai pas. Sinon, c’est grandiose. Les villes, les forêts, les temples, les innombrables îles à visiter. C’est assez fou, comme c’est grand, varié et vivant.
Le fait de choisir entre Le personnage féminin ou masculin, ne change pas grand-chose à l’aventure. C’est presque une skin à choisir. On peut avoir des romances avec les pnj des deux sexes et pour le reste c’est aussi kif-kif. Je conseille la VF à la VO. Elle est meilleure, à mon avis. La voix d’Alexios est celle d’Adrien Antoine (Batman, Thor, Superman, Tatum, etc.), ce n’est pas rien. D’autres doubleurs connus sont au casting de la VF. Le seul souci de ce jeu, c’est le grinding obligatoire qui stoppe la progression principale. Plus marqué que dans Origins, il est inévitable de leveler et amélioré son personnage et ses armes pour continuer l’aventure sous peine d’être trucidé en un seul coup d’épée. Ça rallonge officieusement la durée de vie du titre qui est, du coup, très confortable avec plus de 35 heures en ligne droite et beaucoup, beaucoup plus avec les extras. On en a vraiment pour son argent.
Il reste les multiples bugs que l’on rencontre dans le jeu. Il y a beaucoup de bugs de collisions, des personnages pris dans les murs qui ne trouvent plus leurs chemins, des animaux à moitié dans le sol, une IA pas très maligne, les animations sont parfois bonnes, mais souvent très moyennes et vieillottes. Ça pullule de petits couaques de manque de finition. N’empêche, ça reste du très bon boulot pour un jeu Ubisoft de cette ampleur. On pourra aussi noter les musiques du jeu qui sont somptueuses et qui nous met dans l’ambiance. Qu’Odyssey soit le meilleur Assassin’s Creed à ce jour, c’est tout fait possible, mais très subjectif. En tout cas, c’est un excellent jeu qui a énormément à offrir. La générosité dans le contenu, la variété des actions et la rejouabilité, font de ce titre un des jeux les plus plaisant et des plus complet de cette année.
Les plus :
- Le gameplay d’Origins toujours aussi souple et plaisant
- La Grèce antique magnifique
- Beaucoup de contenu, souvent très bon
- Certains choix et conséquences
- La musique et l’ambiance
- La VF
- Un end game qui vaut la peine
Les moins :
- Grinder continuellement pour avancer
- Des quêtes secondaires pas toujours très inspirées
- L’IA est très moyenne
- Des petits bugs à gauches à droites
Développeur : Ubisoft Québec
Éditeur : Ubisoft
Date de sortie : 05/10/2018
Plateformes : PS4, Xbox One & PC
Genre : Action RPG
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