Et j’abattrai l’arrogance des tyrans

Une couronne jaune d’or dans le coin inférieur droit de l’illustration de couverture et une « forêt » de fourches noires sur fond rouge justifieront le titre. Illustration moderne qui peut vous donner une idée du contenu de ce roman. Attention, faites l’effort de lire les premières pages sans rechigner contre la présence de l’auteure ou d’un commentateur dans le récit. L’action se déroule en Angleterre en 1381. Ce roman est le récit que fait Joanna, épouse d’un des révoltés, d’une révolte de paysans que de nouveaux impôts pressurent. Mais Marie-Fleur Albecker mêle son grain de sel au récit… On notera la grande lucidité des deux femmes, celle qui dit en 1381 et celle qui écrit aujourd’hui. Lucidité sur le sort des femmes et le comportement des hommes en 1381. Lucidité sur la situation économique dans le monde d’aujourd’hui. Joanna qui n’est pas croyante peut se permettre de remettre en cause ce que l’Église de son temps impose aux individus… Elle sait parfaitement sa place dans sa société et ne se fait aucune illusion : elle avance…

On se doute de ce qu’il advint de cette révolte de petits artisans et de paysans, les nobles et le clergé de ce temps n’ayant pas pour habitude de céder devant la force et/ou la violence de la plèbe. Le genre à proposer de la brioche à ceux qui réclament du pain, si vous voyez ce que je veux dire… C’est pour cela que Robin des Bois n’est qu’un personnage fictif du Moyen-âge anglais… et un formidable héros de cinéma. Mais dans le roman de Marie-Fleur Albecker, le rapport à notre époque compte autant que le récit. Il aide à prendre conscience que Robin des Bois manque et que les luttes sont toujours à recommencer. Ce roman n’est pas une incitation à la révolte c’est plus simplement une incitation à la réflexion. Une incitation à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de chercher à prendre la parole.

Bonne lecture, bonne réflexion…

Et j’abattrai l’arrogance des tyrans
Auteure : Marie-Fleur Albecker
Editeur : Aux forges de Vulcain