Si vous avez appris à aimer lire avec Croc-Blanc et Belliou la fumée de Jack London ou avec H.D. Thoreau (même éditeur), ce petit livre est pour vous. Vous remarquerez en couverture la présence de l’animal (plus un coyote qu’un loup sans doute), la présence de l’humain se manifeste elle par l’existence de la cabane et de la clôture. Attention ! Il ne s’agit pas d’un simple récit de plus à propos d’un retour à la nature. Commencez par lire le glossaire en fin de volume pour ne pas avoir à interrompre votre lecture, pour comprendre par exemple les mots « bibitte » et « mardi ». L’auteure est Québécoise et utilise les mots de sa langue dont certains ont changé de sens.
S’il me fallait qualifier ce livre d’un mot je dirais qu’il est né d’un refus. Gabrielle refuse de continuer à vivre selon le modèle de société qui est le nôtre. Et celui qu’elle rencontre a transformé son refus en action collective. Gabrielle se retrouve seule avec son chat dans un hiver de forêt dans une région du Québec et à proximité d’une voie ferrée sur laquelle circulent des trains porteurs de pétrole lourd. Gabrielle réapprend à vivre, c’est-à-dire : couper du bois pour le feu, remplir d’eau ou de neige les citernes nécessaires, pelleter la neige pour assurer les chemins, marquer son territoire. Elle se blesse au visage et ne peut traiter sa blessure qu’à la gomme de pin… Elle écrit et dessine, et s’apprivoise. Et survient Rio (pour Riopelle) qui a attaqué la voie ferrée.
C’est fort bien écrit, je veux dire que ce n’est ni un brûlot politique ni un tract. C’est une histoire de personne comme vous et moi dont les choix impliquent une autre vision du monde et de soi (et vice versa). Elle ne force pas notre adhésion, mais je la trouve très convaincante.
Bonne lecture de transport en commun pour donner envie.
Encabanée
Auteure : Gabrielle Filteau-Chiba
Editeur : Le mot et le reste
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