21980-kro12381Ne me dites pas que vous ne connaissez pas cet auteur, je ne vous croirais pas. « Tous les matins du monde » cela doit vous dire quelque chose, non ? Au moins le film ! et « Les solidarités mystérieuses » dont je vous ai parlé ici-même, il y a peu (voir Les solidarités mystérieuses). Comme il s’agit d’un auteur important, il est normal que les universitaires s’intéressent à lui. Ne partez pas ! Tous les universitaires ne sont pas ennuyeux et quand ils sont passionnés par leur sujet on peut même dire qu’ils arrivent à être intéressants.

Là ils ont décidé – du moins les organisateurs du colloque (Agnès Cousin de Ravel, Chantal Lapeyre-Desmaison et Dominique Rabaté) de sortir des sentiers battus par la critique littéraire et de traiter des lieux dont Pascal Quignard a fait des sujets d’études et/ou de romans. Si vous ne connaissez pas son analyse sur certaines fresques et mosaïques conservées dans les laves de l’Etna : « Le sexe et l’effroi », je ne peux que vous recommander sa lecture. Comme Pascal Quignard a passé une partie de son enfance au Havre, la localisation du colloque est allée de soi.

Toutes les interventions sont passionnantes pour deux raisons au moins. Les intervenants aiment leur sujet et ils savent s’y montrer érudits sans jargonner. J’ai retenu trois citations une de Dominique Rabaté et deux de Pascal Quignard. Je vous les livre sans le moindre commentaire.

« L’œuvre de Pascal Quignard abonde ainsi en détails poignants, que Barthes aurait sans doute classés dans le camp du punctum, puisque rien d’extraordinaire ne s’y passe, mais que traverse pourtant une intensité particulière du moment qui en irradie tout le contenu, laissé comme suspendu dans la fulgurance de son événement. »

« Il y a une intuition dans la naissance, il y a à la naissance une expérience de la mort : l’intrusion de l’air fait qu’on suffoque, qu’on étouffe. »

« La sexualité sera toujours atopique, scandaleuse, alogique, anomique, non pas asémique mais anoétique. Antéhumaine. C’est la trace avant tout signe et toute signification. C’est le passé indestructible. C’est la scène invisible où l’amour puise son désir d’invisibilité. »

Bonne lecture.

[Noé Gaillard]

www.gallimard.fr

 

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