Trente- quatre ans plus tard, IAM est toujours debout, artisan des mots, orfèvre incontesté de la rime et du verbe. Malgré l’eau qui a coulé sous les ponts et les ridules ondulant sur nos visages, les rappeurs de Marseille, eux, n’ont rien perdu de leur flow légendaire !

Dans une ambiance survoltée, les rappeurs font leur entrée sur scène. Et pour cause, la salle imposante de l’Alhambra est comble, parcourue des vibrations d’un public avide de retrouver les boss du rap français. Si demain c’est loin, hier ne se ressent pas plus. Il y en a eu du chemin parcouru depuis le sacre du Disque d’Or de leur quatrième album, L’école du micro d’argent en 1997. Pourtant, les années ne semblent n’avoir affaibli en rien le talent du groupe toujours à l’affût de paroles travaillées, ciselées qui sonnent, frissonnent dans la chair et cognent. Très vite, on marque le beat de la tête, les bras se tendent, suivent le rythme, on goûte les mots, scande les refrains. Pas l’ombre d’une embrouille dans cette marée humaine non non, plutôt le kif suprême d’être là, enveloppé par le son, traversé par l’énérgie retrouvée des concerts.

C’est Akhenaton qui le rappelle encore
Un an et demi de report
Passera, passera pas
On ne sait pas
Beaucoup d’attente
Lente
Est la marche vers Mars
Ici « demain c’est loin« 
Crève ou marche
Ici demain c’est loin
« La faim d’ailleurs justifie les moyens« 
Certains s’évadent
Loin
Dans leur imaginaire
D’autres se téléportent
en l’air
L’air de rien
Comme autant de promesses
Laisse
Je m’assèche.

Ils sont bien là à présent, le mic brandi avec fierté et determination.
Comme le leader du groupe aime à le rappeler, IAM fait du « rap sans étiquette ». « Nous on fait du rap point barre ! » Nouvelle salve d’applaudissements dans une atmosphère bien chargée en endorphines. Après quoi, on ne tarde pas à renouer avec les classiques, les purs sons qui font d’Akhenaton, Shurik’n, DJ Kéhops, Imhotep et Kephren les icônes du rap français, le vrai, le bon celui avec des textes taillés en uppercut, celui qui flanque K.O d’un coup de rime, ou d’images. Nouvelle vague de chaleur, nouvelle onde de bonheur.

La foule est en délire, les bras tendus, battant le rythme de Petit Frère, Samuraï, Elle donne son corps avant son nom, ou encore L’empire du côté obscur. Pour ce dernier titre, les marseillais se ramènent avec des sabres laser, histoire de donner du peps à la mise en scène. Pas vraiment de nostalgie dans ce show, elle se fond dans le présent, prend de l’épaisseur, vibre dans les murs.

Mais pour certains impossible de ne pas se remémorer les années collège-lycée, les bancs taggés où on retrouvait les potes après les cours, les galères aussi que venait magnifier le flow bien particulier de Shurik’n ou Akhenaton. Qu’il soit question de titres issus des EP de 2021 Première et Deuxième Vague, de Des Mots Crasseux ou encore de l’album Yasuke, c’est toujours la même qualité de recherche, la même coloration, des impressions toujours plus concrètes. IAM façonne avant tout une poésie combative, actuelle, bien sentie. Un art de rue qui laisse son empreinte sur l’asphalte.

Alerte, à l’image des rappeurs des Bouches du Rhône, la scénographie et les changements d’atmosphère coulissent rapidement. L’installation placée derrière les artistes évolue au rythme des chansons; sont projetées des images de clip quand elle ne sert pas de simple mur évoquant le béton des grandes villes ou rappelant que « l’ombre est lumière » parfois.

Côté perso, Akhenaton, n’est pas seulement à l’aise sur scène. A s’y méprendre, il passerait presque pour le cousin talentueux de la famille tant sa proximité avec le public est décontractée, simple et accessible. On sent une sympathie sans phare accrue par un naturel merveilleusement ensoleillé par l’accent du Sud. Shurik’n, quoique plus en retrait, n’hésite pas pour autant à plaisanter avec le public. Quant à la complicité entre les membres du groupe, elle est très palpable comme l’atteste les éclats de rire entre les artistes ou encore les coups d’oeil entendus pendant et après les morceaux.

Le voyage sur la planète Mars, après deux heures de rap haletant, prend fin sous un déluge d’applaudissements et d’exclamations retentissantes. On espère que ces rappeurs maniant « l’art martien » comme personne réapparaitront une autre fois sur nos terres. Demain, c’est maintenant !

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Site Soldout Productions SA

Site de l’Alhambra

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