Dans un petit cabaret new-yorkais situé au-delà de la 110ème rue de Manhattan, un journaliste du Herald Tribune est témoin d’un règlement de compte armé entre le propriétaire des lieux et un mafieux local dénommé Dutch Schulz. Au centre de cette dispute Stéphanie St. Clair alias Madame Queen, une jeune afro-américaine influente au tempérament explosif, femme d’affaires énigmatique et singulière dirige d’une main de fer la pègre locale. Sa petite loterie clandestine emploie des dizaines de Harlémites et finance de nombreux projets et associations du quartier. Ce jeu consiste à deviner le nombre exact d’actions échangées le jour même à la Bourse. Le parieur ayant trouvé les trois derniers chiffres récupère une partie du pactole.

Harlem, le quartier le plus vivant du pays abrite écrivains, peintres, sculpteurs, photographes et bien entendu des chanteurs et musiciens renommés. La Black Metropolis a profité de l’émancipation du peuple noir à la sortie de la Grande Guerre. Délaissée par les pouvoirs publics et abandonné aux mains d’une police corrompue qui s’est rendue coupable de toutes sortes d’exactions, ce lieu emblématique a hélas, perdu une partie de son charme. Le chômage a explosé et la criminalité s’y est installée…Ce récit de 64 pages superbement illustré est une fiction à caractère historique librement inspirée de personnages, lieux et événements réels entremêlés d’éléments purement imaginaires. Le vocabulaire utilisé par les protagonistes s’attache à restituer l’esprit de l’époque. Après Giant et Bootblack, Mikaël signe le troisième volet de sa saga new-yorkaise. C’est en se documentant sur la communauté afro-américaine de Harlem qu’il a découvert Stéphanie St. Clair. Nourri par la lecture des ouvrages consacré à la Martiniquaise mais aussi par des repérages sur les lieux mêmes où elle aurait vécu, l’album fait revivre en toile de fond le mouvement de la Renaissance de Harlem symbole de la culture de l’entre-deux-guerres.

Auteur franco-canadien autodidacte, Mikaël commence sa carrière comme illustrateur et auteur de livres pour enfants. Il obtient en 2010 la mention spéciale du jury jeunesse du Prix d’Ouessant pour Félice et le Flamboyant bleu puis il s’oriente vers la bande-dessinée adulte. Après avoir dessiné la trilogie Promise (Glénat) dont les deuxièmes et troisièmes volets ont reçu le Grand Prix de la Ville de Québec en 2015 puis en 2016, il s’est consacré à son cycle new-yorkais dont les ventes cumulées ont dépassé les 100’000 exemplaires. D’abord avec Giant (deux albums parus en 2017 et 2018) dont le premier volet a été récompensé par le prix RTL BD, puis avec Bootblack (deux albums publiés en 2019 et 2020).

Porté par un trait en liberté, nourri par une véritable exigence littéraire Harlem tient à la fois du roman graphique et de l’aventure citadine. Le récit de Mikaël cerne au plus près la psychologie des personnages et son trait vivant colle parfaitement à cette chronique effrénée qui bat au rythme des pulsations de l’Amérique noire des années trente. Cette nouvelle œuvre captivante réveille chez le lecteur un désir d’aventure et beaucoup de compassion. Nous plongeons avec les principaux protagonistes de l’histoire dans une Amérique mystérieuse. Les thèmes principaux de cette BD sont le racisme, la solidarité et la criminalité mafieuse. Nous voguons entre prohibition, trafics en tous genres et règlement de comptes. Ce diptyque offre un témoignage passionnant d’une partie assez méconnue de l’histoire américaine du XXème siècle tout en mettant en avant l’engagement d’une femme pour la défense de sa communauté.

Tome 1 – Mikaël

Roman Graphique

Pierre-Henry Gomont

Édition Dargaud

HARLEM - Histoire d’un Quartier
4.0Note Finale
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