Pour moi une très belle et très juste illustration kaléidoscopique de couverture. L’édition originale de ce roman date de 1976, il a donc fallu attendre près d’un demi-siècle pour en lire une version française… Étonnant non ? D’autant plus qu’il s’inscrit dans la lignée des grands romans de SF de la littérature féministe (d’Ursula K. Le Guin à Margaret Atwood).
Parce qu’elle déprimait, consommait de la drogue, Consuelo Ramos, une Chicano, a frappé sa fille Angelina et s’est vue internée. Retournée à une vie normale et pour défendre sa sœur frappée par un proxénète, elle a frappé le mac et se retrouve dans un asile. Elle entre en contact avec Luxiente qui vient d’une lointaine – dans l’avenir – utopie féministe : Mattapoisett. Un lieu où hommes et femmes sont égaux, où s’exerce une vraie démocratie, où les enfants sont éduqués collectivement hors notion de ‘père&mère’, où chacun participe au bien collectif et exerce diverses activités. Consuelo visite Mattapoisett et a du mal parfois à comprendre le pourquoi de ce qu’elle voit. Ayant acquis la faculté de s’évader de son monde hospitalier, elle visite même par erreur un monde pire que tous où les femmes n’ont aucun droit. Elle s’évade physiquement de l’asile mais est reprise.
Les grands thèmes féministes sont bien là, à commencer par les noms et pronoms, le binaire et le neutre et j’ai eu l’impression de me promener entre un film de Cassavetes et Vol au-dessus d’un nid de coucou. J’ai trouvé très émouvant et sensuel le passage concernant l’allaitement des enfants à Mattapoisett. Mais je me suis interrogé sur l’énorme sentiment de culpabilité qui sous-tend presque toutes les actions de Consuelo. Imagine-t-on une société qui persuade une femme d’être coupable d’être ce qu’elle est ? Quant à savoir si Consuelo est ou non schizophrène comme le suggère/décide le dossier en fin d’histoire, je vous laisse en décider seul…
Bonne lecture (d’une traite, si possible).
Une femme au bord du temps
Auteure : Marge Piercy
Editeur : Goater
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