La couverture couleur est à mon goût très belle et très réussie – notez l’ombre du nœud papillon – et devrait tirer l’œil et inciter à feuilleter. Et là il faut espérer que les amateurs/amoureux de la BD sauront reconnaître la qualité du coup de pinceau. Le contraire serait triste. Ne vous étonnez pas cependant si c’est en noir-blanc et gris à l’intérieur puisque l’on vous a signalé en quatrième de couverture que M le maudit de Fritz Lang – que je vous incite vivement à regarder – a inspiré les auteurs.
Un écrivain renommé et sur la fin de sa vie a rendez-vous dans un café avec un vieux camarade communiste. Ce dernier tarde à venir et l’écrivain entame une histoire dont la serveuse du café est l’héroïne. Attention ! Il faut bien regarder les dessins et ne pas se fier uniquement aux changements de l’intensité des noirs et blancs ou à l’intrusion des gris. La serveuse devient vedette une fois sevrée de cocaïnomanie, mais elle replonge parce que son manager un certain M. est diabolique et tout puissant… Si le temps de l’écrivain et celui de son récit se télescopent, nous avons bien deux récits dans le récit : celui de l’écrivain les aventures de Paula chanteuse et cocaïnomane et celui de la serveuse qui menace pour que son personnage soit plus dense.
J’ai cité Lang mais j’aurais pu aussi citer Le cabinet du Docteur Caligari ou L’Ange bleu pour l’ambiance qu’ils instillent au récit et aux dessins. On notera le rythme de certaines planches qui se rapproche pour moi du rythme de certains films muets et laisse comme une impression de rythme sautillant. Conseil de lecture : une approche rapide basée sur un feuilletage à peine immobilisé parce qu’une planche vous a tiré l’œil, un regard plus précis, plus fouillé à la recherche, sans lire, d’une compréhension de l’ensemble et enfin une lecture très fine pour ne rien perdre et surtout pas l’approche sonore, le rendu de la petite taverne bavaroise.
Du grand Art.
La mauvaise heure
Dessins : Marc Angel
Scénario : Jean-Louis Schlesser
Editeur : Mosquito
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