Je me permettrai de trouver l’illustration de couverture maladroite et plus lourdement kitsch que nécessaire (pas sûr que la platine sans hautparleur et fil électrique puisse être d’époque, le mur de brique comme papier peint ???). Et c’est, à mon sens, dommage.
Attention ! Si vous entrez difficilement dans le début de l’histoire, n’abandonnez pas. Persistez dans votre lecture. Vous allez à un moment vous retrouver en phase avec le narrateur. Soit parce que vos souvenirs réveilleront une époque similaire, soit parce que sa réflexion et ses commentaires vous rappelleront ladite époque. Je veux dire que l’auteur nous emmène simultanément en 68/69 et beaucoup plus tard quand il se raconte. C’est à mon sens tout ce qui fait la force de ce petit livre. On aurait aimé avoir la playlist pour aider les souvenirs à renaître.
Chris est en Angleterre – à Cambridge, chez l’habitant – pour approfondir ses études. Il rencontre des étudiants, participe d’une plus ou moins joyeuse bande et fait la connaissance de l’irrésistible Maybelene – à ce propos j’ai été fort surpris que, citant Jerry Lee Lewis, l’auteur ne mentionne pas sa version (1965) de Maybellene, la chanson de Chuck Berry (1955). Si Maybelene trouve Julien Sorel intéressant, c’est le Frédéric Moreau de L’éducation sentimentale qui passionne Chris, ils ont le même âge. Et cette différence explique une bonne part de l’histoire et au moins la retenue de Chris à l’égard de la jeune fille. On schématisera en disant qu’elle se sait alors qu’il fait, lui, l’apprentissage de soi, et tout cela dans leur époque où un monde s’achève et où le suivant peine à naître. Laissez-vous porter ! Et lisez avec attention la citation suivante : « On comprenait qu’il ne pouvait y avoir de vrai regard sans distance, et qu’en même temps c’était notre regard qui la créait, cette distance, qui avait besoin d’elle pour se donner une claire acuité. ».
Bonne lecture… d’une traite si possible.
Un amour anglais
Auteur : Jean-François Duval
Editeur : Zoé
Collection : Poche
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