Même si l’illustration en couverture est dans le droit fil de la nouvelle qui donne son titre au recueil, je me permettrai de la trouver très (trop ?) fade. Heureusement, il y a le titre dont on pourrait imaginer qu’il constitue le premier et le dernier vers d’un Haïku (5/7/5) dont le vers central serait le recueil. Un titre éminemment poétique et fort qui réveille l’imagination. En carottant dans ce recueil, je me suis rendu compte que je comprenais le succès populaire de son auteur et peut-être le fait qu’il risque de ne pas avoir le Prix Nobel de littérature. Vous souvenez-vous du Voleur de bicyclette ou de La strada (De Sica, Fellini) ? Du néo-réalisme italien ? C’est l’impression que me donne ces nouvelles. Du réel, banal, plat, simple raconté de manière minimaliste qui laisse le sentiment que la même chose aurait pu nous arriver et qui, au moment où nous aurions pu nous en désoler, nous ramène doucement à notre réalité. Je dirai qu’il n’apporte rien. Il se contente comme un bain révélateur en photographie argentique de faire monter à la surface de notre conscience ce que la réalité a imprégné en nous. Et c’est nous qui décidons de l’image finale… C’est subtil comme un authentique Haïku. Comme au cinéma, Murakami en nous proposant ce qu’il voit nous donne aussi à voir le regard des autres qu’il subit… Deux textes me serviront d’exemples : Le bon jour pour les kangourous et Les vicissitudes des piqu’crocks. Dans le premier, un époux parvient à effacer la déception de son épouse qui voulait voir un bébé kangourou et que les intempéries ont condamnée à voir un banal petit kangourou. Nous avons le regard du mari, celui de son épouse et la correction de ce dernier par le premier… Dans le second, à travers la création de gâteau il est proposé le regard d’un individu et celui des ‘sectataires’ d’un produit, une question de goût et un regard sur l’aveuglement… Et dans les deux textes comme dans le premier (et les autres) l’origine indicible de votre sourire subtilement nostalgique…
Du grand art qui implique une lecture lente… et peut-être matinale…
Bonnes lectures.
Saules aveugles femme endormie
Auteur : Haruki Murakami
Editeur : 10/18
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