Un fort beau, pour mon goût, portrait d’oiseau en couverture, et au gré des pages feuilletées l’impression d’avoir à lire un long poème. Non, c’est un roman qu’on pourrait dire écrit en vers libres car le texte n’est pas ‘justifié’ à droite. Mais parfois l’œil cherche la rime et en trouve… C’est, pour ce qui est du français, bien traduit du portugais (Brésil), je veux dire que c’est dans du bon français qui me semble parfaitement rendre compte de ce qui est dit.

S’il vous fallait encore une preuve de cette universalité de l’humain dont je vous rebas régulièrement les oreilles, ce livre en est une bonne. Il nous raconte la vie d’une femme d’aujourd’hui – une Brésilienne de tous les coins pauvres de la planète. Une vie qui se résume à dix épisodes ‘notoires’. Une vie racontée à la première personne sur neuf épisodes (le dernier est à titre posthume). Une vie en discontinu, comme en pointillé avec des écarts de silence inégaux. On dira que sa vie commence à ses huit ans quand elle prend conscience de quelque chose et de la mort à cause de celle de son amie Carla… À dix-sept ans elle est violée et accouche à dix-huit d’un garçon… Les épisodes suivants (28, 37, 48, 49, 50, 52 ans) racontent la difficulté à vivre et à élever un enfant sans père, la vie. Je sais bien que le Brésil n’est pas l’Argentine mais je n’ai cessé de penser à Mafalda (la petite fille imaginée par Quino) tout au long de ma lecture. Celle qui se raconte prend conscience d’elle-même, du monde et de la difficulté d’être au fil des questions qu’elle se pose, quand les réponses et solutions qu’elle a imaginées ne sont plus satisfaisantes ou trop étroites…

A lire absolument, au calme, quand vous serez rentrés… Attention ! Citation longue, les //marquent les coupures des phrases : « …j’ai regardé cet enfant//qui pleurait aussi, lui qui//n’avait aucune idée//de ce que c’était que naître garçon dans ce bas monde,//quelqu’un doit lui expliquer.//pas la partie physique, bien sûr,// ça il le découvrira tout seul// et bien assez tôt,// non quelqu’un doit lui raconter l’autre partie, docteur,// les femmes// violées dans les fossés et// sous les ponts//elles ne sont pas dans les livres d’histoire.// les dictateurs oui// ils ont tous un article à leur nom//une longue biographie.// ».

Bonne lecture.

Le poids de cet oiseau-là
Auteure : Aline Bei
Editeur : 10/18

www.10-18.fr

Le poids de cet oiseau-là
5.0Note Finale

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