L’illustration de couverture est ‘juste’, dans le droit fil du roman – puisqu’il est annoncé que c’en est un. Mais elle manque, à mes yeux, de charme, de poésie… Un roman sans doute par le fait que l’auteur nous raconte la prise de conscience du monde par un personnage qui dit ‘Je’ et est prénommé ‘Dom’ par au moins deux autres personnages. Une prise de conscience effectuée par le biais de sa relation directe ou indirecte aux animaux. Mais un roman étrange où l’auteur, Frédéric Joignot, mêle ce qu’il sait journalistiquement des animaux dont il parle et ce qu’il a vécu avec les animaux et les humains qu’il a connus, mêlant la zoographie de Dom à la biographie de Frédéric. Le tout dans un ‘joyeux’ emmêlement du temps qui fait, par exemple, passer du post 68 au Covid. Le style est ‘baroque’, à l’image du roman et mêle selon les sujets (voir la table des matières et ses 26 chapitres pour 177 pages) des expressions modernes : « je la calculais » et des synonymes précis comme ‘harpailler’ pour injurier, ou décline un vocabulaire scatologique ou érotico-pornographique nourris d’animalité… ou encore ces mots d’accents qui renvoient à une région particulière (Macarel !). On y apprend des choses sur les chats égyptiens et sur les abattoirs qui ont inspiré le Ford inventeur de la chaîne de fabrication. Et cela m’a rappelé un auteur italien, Guido Ceronetti, que je vous invite à lire (éditions du Seuil). Lisez de préférence lentement pour laisser à chaque chapitre le temps d’infuser et pour ne pas saturer. On laissera aux lecteurs attentifs le soin de découvrir des références/allusions plus ou moins cachées au cinéma ou à la littérature, c’est toujours un plaisir.
Citation : « Nous ne savons rien de l’énorme chaîne de l’abattage industriel. Mais à la campagne, dans le périurbain semi-rural tous les gosses, les enfants, les ados, sont témoins des mises à mort. Ils savent combien tous les animaux tiennent à la vie, se débattent, souffrent, supplient, pendant la tuerie ».
Bonne lecture.
Zoographie
Auteur : Frédéric Joignot
Editeur : Maurice Nadeau
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