Oubliez Blaise et l’infini de ces silences effrayants, c’est ici que cela se passe et peut-être demain à moins que ce ne soit déjà, quelque part. Je n’aime pas trop le dessin de couverture mais il est bien choisi, ceux à l’intérieur sont du même ordre, c’est signé Philippe Caza et c’est une bonne signature. Il s’agit d’un recueil de six nouvelles dont quatre sont inédites. Toutes ont Paris pour ‘cadre’, alors lisez bien au compte-gouttes… sans vous contraindre à suivre la table des matières. Vous pouvez commencer par le dernier texte qui explique comment on en est arrivé à ceux qui le précèdent. Comment on en est arrivé à ce que Paris soit un champ de ruines et un refuge pour pillards et bandes de ‘sauvages’. Le réquisitoire est concluant et rien à part peut-être l’art ne peut nous sauver… Nous nous sommes condamnés… Et ceux qui vivent dans des espaces protégés risquent de mourir dans une guerre (de religion ?) ou attaqués par des hordes de miséreux crevant de faim. La copie est honnête avec des morceaux d’humour que vous n’êtes pas obligés de saisir, des références musicales (qui se souvient de Dimanche à Orly de Pierre Delanoé pour les paroles et Gilbert Bécaud pour la musique ?) et cinématographiques que vous percevrez plus facilement. Mais c’est un peu sans surprise. Et cela me fait me poser des questions : est-il encore nécessaire de prévenir que si l’on ne fait rien tout va aller plus mal et de plus en plus vite ? Serons-nous tous, en cas d’Apocalypse, des voyageurs de La Route ou des pilotes de Madmax ? La faim fait-elle perdre la raison ? Le confort rend-il aveugle ? Les lecteurs n’aiment-ils que les histoires sombres où le héros comme eux peut tirer son épingle du jeu ?
Une citation, sans doute ? : « L’humanité avait failli sombrer pour de bon. Le régime avait dû prendre des mesures drastiques, en imposer certaines contre la volonté de la majorité. Réprimer manifestations, grèves et révoltes. Le résultat était là : une ville agréable, conviviale, respirant le bonheur. Le prix à payer pour ces profonds changements ? L’inspecteur préférait ne pas y songer. Chaque médaille ne possédait-elle pas son revers ? ».
Bonne lecture.
Paris perdus
Auteur : Fabrice Schurmans
Editeur : Flatland
Collection : La Fabrique d’horizons
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