Il y a longtemps que je ne vous avais pas proposé une chronique de deux en un, non ? Là les deux titres ressortent simultanément et sont à mon avis indissociables… Leur auteur, lui, est incontournable comme écrivain (peintre et faiseur de chansons). Jeanne Moreau me l’avait fait connaître en l’interprétant mais je ne l’ai lu que tardivement. Ces deux ‘années’ racontent une vie et un amour, mais aussi le passage pour l’auteur du ‘statut’ de peintre à celui d’écrivain. C’est-à-dire la maîtrise d’une langue – le français – quand on est d’origine irano-russe. Autrement dit : raconter sa vie en français langue maternelle… Ouvrez au hasard et lisez : vous êtes emporté par une volubilité, une fougue, un maelstrom de mots, d’images qui ne cesse un instant que pour mieux repartir. Et aucun mot n’est pas à sa place. Je crois qu’il n’y a rien de plus difficile à écrire que ‘la parole qui raconte’. L’histoire, l’anecdote c’est assez facile à imaginer, à transcrire… mais le kaléidoscope du réel-parlé. Il faut trouver la juste démesure verbale accordée avec ce qui est dit… Et Rezvani y parvient à merveille. Peut-être parce qu’il ne s’en croit pas capable et tente de camoufler ses ‘échecs’ dans les expérimentations – insertion de textes lus, eux-mêmes enserrant du dialogue. En bref c’est merveilleusement écrit et cela raconte ‘la vie’. Je ne saurais mieux vous le faire comprendre qu’en vous incitant par exemple à lire de la page 228 à la page 231 de Les années Lula. Avez-vous remarqué que je me suis appliqué à ne pas écrire le mot chanté par Jeanne Moreau ? Attention ! Il est difficile de quitter la lecture. Et, si vous avez un instant, lisez L’éclipse du même auteur (n°786 éditions Babel)….
Les années-lumière, Les années Lula
Auteur : Serge Rezvani
Editeur : Philippe Rey
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