La couverture toute en finesse est tout à fait en accord avec ce que raconte le roman. Et pourtant elle ne traduit, à mon sens, qu’une petite part de ce qui est dit. Vous devez commencer j’espère à vous être fait une idée de ce qu’écrit l’auteur. Pour ma part je remarque que l’on ne sort pas indemne de sa lecture. Une petite impression de malaise peut venir couronner la fin du livre, peut-être parce que les personnages en sont japonais et que nous ne sommes pas habitués à leur mode de pensée… Et pourtant nous aussi nous colorons les gens et les choses à notre façon (A noir disait Rimbaud à une jeune fille blanche comme un linge ou rouge de la honte d’être bas bleu). 

Tsukuru Tazaki – dont le nom ne fait référence à aucune couleur – participe d’un petit groupe d’élèves liés par une action sociale. Avec quatre de ses camarades – deux filles et deux garçons – dont les noms renvoyaient à des couleurs, Blanche, Noire, Bleu et Rouge, il aide les élèves en difficulté. Après un séjour solitaire à Tokyo, il se trouve rejeté par le groupe ; les quatre de couleur sans la moindre explication mettent brutalement fin à leur relation. Après une période dépressive, l’incolore Tsukuru remonte lentement la pente et seize ans plus tard la fréquentation d’une jeune femme, de deux ans plus vieille que lui, l’amène à revoir ses anciens amis… Il découvre ainsi que la rupture est due au fait que Blanche a prétendu qu’il l’avait violée et Noire, pourtant amoureuse de lui, l’a aussi accusé pour protéger Blanche qui souffrait de troubles mentaux… Bleu et Rouge, qui sont restés les mêmes, ont suivi le mouvement…

Je suppose que vous savez ce qu’est un patchwork. Imaginez un personnage qui se constitue ou se reconstitue au fur et à mesure de ses rencontres, de ses relations, de ses amitiés. Un individu par ailleurs socialement intégré, vivant une petite vie tranquille, incolore qui prendrait de l’épaisseur de la densité en apprenant les raisons de sa mise à l’écart. Je crois qu’il n’est pas interdit de voir en Tsukuru Tazaki un frère oriental du Meursault…d’Albert Camus. Vous voyez le patchwork se construire au fur et à mesure des rencontres, des ajouts de tissus et vous ne découvrez l’idée, le dessin-dessein de l’auteur que lorsque la dernière pièce est cousue…

Citation : c’est Rouge qui parle de la ‘boîte’ de formation qu’il dirige : « C’est dans l’intérêt de l’entreprise que nous formons des travailleurs qui croient penser par eux-mêmes ».

On peut imaginer une lecture fort étalée dans le temps qui oblige à se souvenir de ce qu’on a lu…

L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage
Auteur : Haruki Murakami
Editeur : Belfond

www.belfond.fr

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage
5.0Note Finale

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