Attention ! Ce n’est pas parce que ce livre est court qu’il est facile à lire. Mais il n’est pas pour autant compliqué, il me semble un peu plus dense qu’une majorité de la production littéraire actuelle.
L’action se situe dans une petite ville/village. Marcel Billon, veuf misanthrope, s’associe avec Balthazar Maurel, ‘priapique frénétique’ (selon la quatrième de couverture) pour ouvrir une épicerie primeur et fine. L’histoire vaut autant par les péripéties développées (visite d’une première dame américaine, campagne en vue des municipales, rencontre entre Marcel et Max dans un cimetière, un lieutenant de gendarmerie et son rapport à l’adultère de son épouse…) que par la façon dont Marcel raconte et se raconte en glissant des commentaires sur le monde. Marcel, soit par indifférence ou désintérêt, soit par soumission ou refus de conflit subit la vie et les autres. Il ne communique vraiment qu’avec son épouse défunte, agenouillé sur sa tombe. Il entretient avec Olga des relations sexuelles. Et je définirai le regard qu’il porte sur le monde et les autres de deux façons : la vision laconique qui résume en phrases lapidaires son opinion, la vision commentaire qui présente en phrases torturées mais justes mais laissent deviner un avis euphémisé… C’est très critique dans les deux cas et justifie pleinement l’attitude et le comportement de Marcel. L’auteur s’en donne à cœur joie et l’on jubile de certaines tournures. On pourrait je crois traiter Marcel de clown blanc se transformant en Auguste et Balthazar d’Auguste se muant en clown blanc…Chacun sachant ce qu’il concède… On pourrait penser à d’autres duos : Oliver et Stan par exemple, mais ce sont les contre-enquêtes du Commissaire Liberty de Raphaël Majan (chez P.O.L.) qui me sont spontanément venues à l’esprit et je ne saurai vous dire pourquoi… Je vous ai choisi une citation amusante et moins éloignée qu’il n’y paraît de ce que vous venez de lire : « Et il se mit à rire comme un poney ivre. Du reste, il était bourré comme un coing. ».
Bonne lecture.
Balthazar et moi
Auteur : Christian Vigne
Editeur : Maurice Nadeau
Collection : A vif
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