Avec un surtitre : L’architecture du phantasme. Je suppose qu’à force de me lire vous avez compris que la première des choses que je fais devant un tel livre c’est d’en chercher et d’en consulter la bibliographie. Pourquoi ? Tout simplement pour savoir si l’auteur et la personne dont il est question fréquentent un monde que je connais, si la lecture de l’ouvrage me sera pénible ou agréable. Et là, surprise, je retrouve des noms que je connais et même un en particulier que j’affectionne, celui de Daniel Sibony. Deuxième point : j’aimerais beaucoup, pour ma part, que ceux qui décident de publier leur thèse universitaire de fin d’études rendent une copie aussi agréable et facile à lire que celle-là et j’ajoute que le travail d’iconographie, malgré la petite taille des documents, est fourni et dense. Surtout ne vous contentez pas de regarder les images, lisez les légendes qui les accompagnent (page 106 par exemple). Ensuite on appréciera les explications-présentations des mots clés : fétichisme et masochisme en liaison avec l’architecture. Mais je suis reconnaissant à l’auteur d’avoir replacé Adolf Loos dans son contexte intellectuel, de ne jamais le dissocier du monde. Et en cela de renforcer l’importance de son Art en opposition aux modes. J’ai écrit Art avec majuscule – bien que Loos s’en défende, voir citation – parce qu’il me semble que les productions de l’architecte ont quelque chose d’artistique en soi (d’esthétique, comme le montre la photo en couverture) que n’ont pas toujours celle qui prétendent l’être (artistique).
Citation : « La maison doit plaire à tout le monde. C’est ce qui la distingue de l’œuvre d’art, qui n’est obligée de plaire à personne. L’œuvre d’art est l’affaire privée de l’artiste. La maison n’est pas une affaire privée. L’œuvre d’art est mise au monde sans que personne n’en sente le besoin. La maison répond à un besoin. L’artiste n’est responsable envers personne. L’architecte est responsable envers tout le monde. L’œuvre d’art arrache les hommes à leur commodité. La maison ne sert qu’à la commodité. L’œuvre d’art est par essence révolutionnaire, la maison est conservatrice. L’œuvre d’art pense à l’avenir, la maison au présent. Nous aimons tous notre commodité. Nous détestons celui qui nous arrache à notre commodité et vient troubler notre bien-être. C’est pourquoi nous aimons la maison et détestons l’art. » Long ? Peut-être ! Mais si intéressant et cela date de 1910…
Bonne lecture.
Adolf Loos et l’humour masochiste
Auteur : Can Onaner
Editeur : MétisPresses
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