Je ne trouve pas l’illustration de couverture intéressante mais ses couleurs devraient tirer l’œil. Il s’agit d’un recueil de 19 nouvelles en 157 pages… Des nouvelles inédites puisque aucune information n’indique une première parution en magazine ou revue. Et il me semble qu’elles appartiennent à un genre particulier de nouvelle que j’appellerai Nouvelle-Tract ou Nouvelle-Procès Verbal. Certaines pourraient être distribuées lors de manifestations, d’autres servir de pièces à conviction dans des affaires de justice. Toutes parlent de femmes pour dire qui elles sont, qui elles auraient aimé être, ce que les hommes ont fait d’elles. Tantôt en ‘Je’ tantôt en ‘Elle’/’Il’ mais toujours, à mon sens, sur un ‘ton’ offensif. Comme si l’auteure s’adressait à ses lectrices en pensant que parmi elles il y a de celles qu’elle décrit. Comme si en secouant les consciences elle pouvait les réveiller, les faire bouger. Ce n’est pas vraiment tendre et surtout c’est à mon sens très peu romanesque. L’autrice ne nous raconte pas une histoire pour nous émouvoir, elle livre une suite de faits et c’est à nous d’en découvrir et mesurer l’impact. J’ai retenu trois textes. L’évaluation, même si je regrette que le personnage évalué ne soit pas plus développé hors de son métier. Le texte met à mal le conformisme des évaluateurs. La femme au chandail jaune, qui pour moi aurait fait un meilleur titre au recueil en accentuant, vu son sujet, son côté brûlot revendicateur. Première fois, à cause de sa chute qui montre bien que toute liberté n’est jamais vraiment acquise et demande d’être continuellement défendue puisque même certaines femmes ne l’acceptent pas. Comme ce sont des textes courts, choisir une citation n’a pas été facile. Il est question des tableaux de la Renaissance et c’est une jeune femme qui parle :« Cette peinture donne à voir la source de vie que les femmes abritent en elles, et les délices auxquels invite leur féminité. Et c’est ainsi que d’instinct je perçois la féminité, ma féminité. ».
Bonne lecture de transport en commun pour faire contagion.
Nota : Je sais bien qu’en principe les noms propres n’ont pas d’orthographe mais j’ai relevé ici page 108 un Le Clésio – pour Le Clézio – qui défrise un peu.
Après la forêt de mangroves
Auteure : Nadia Boehlen
Editeur : Slatkine
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