Au toucher la couverture de ce livre à un côté duvet qui s’accorde avec son illustration un peu escherienne. C’est traduit en finesse du danois par Catherine Renaud et c’est déjà primé deux fois… Je sais bien que le Danemark n’est pas la Suède mais c’est à Selma Lagerlöf, à Ingmar Bergman – et pas à Lars von Trier – que j’ai pensé en lisant…
Il s’agit du récit des derniers mois d’une toute jeune fille, ‘Elle’, qui se retrouve seule au monde depuis que celle qu’elle appelait Am est morte. Elle a décidé d’abandonner le lieu ‘agréable’ où elles survivaient pour partir à l’aventure en suivant ‘le goudron’ et en poussant un chariot avec des réserves d’eau et de nourriture. Elle quitte son île pour en aborder une autre et affronte une désolation urbaine de carcasses de voiture, d’immeubles plus ou moins effondrés sur lesquelles ne règnent plus que le vent, la pluie et les oiseaux. Comme ‘compagnon’ elle dispose de souvenirs, de mots, de souvenirs de mots. Nous ne saurons pas exactement comment et pourquoi ‘on’ en est arrivé là, mais quelques phrases courtes nous aurons un peu renseignés. On ne sait qui raconte et les photos de la fin du livre ajoutent à mon avis à ce manque de précision, elles renforcent l’impression de grand désastre en renvoyant au titre. Et cette conscience que seuls les oiseaux nous succèderons a un côté effrayant. On pourra se consoler (?) en réfléchissant avec ‘Elle’ sur le sort et le rôle des mots, sur leur importance par rapport à la vie et aux choses. A un moment ‘Elle’ s’interroge sur ‘ Pourquoi’. Ce pourquoi qui entraine un ‘parce que’ qui bien sûr n’est pas la réponse satisfaisante attendue par celui qui questionne. Alors peut-être faut-il faire lire ce livre aux élèves de philo. Peut-être cela éveillera-t-il leur conscience du monde… Vous voulez une citation ? La voilà :
« On doit protéger les mots avec précaution, sinon on les perd. ».
Bonne lecture si possible d’une traite.
Après nous les oiseaux
Auteure : Rakel Haslund
Editeur : Robert Laffont
Collection : Ailleurs & Demain
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