arq t.18 - extrait

arq t.18 – extrait

Le monde d’Arq, dont la « véritable » nature nous est révélée à la fin du premier cycle (tome 6), est devenu désert et aride avec la mort de Nonac à la fin du deuxième cycle (tome 12). Seuls quelques-uns ont survécu, ceux qui viennent de l’extérieur d’Arq. Mais la fin de leur monde d’adoption est proche, il leur faut trouver une solution pour assurer leur survie, bien que la « réalité » de leur univers soit toute relative. Qu’à cela ne tienne, Julian Joyce, le petit génie croit tenir la solution à cette énigme. L’effondrement des mondes imbriqués a bel et bien démarré avec la fin du monde « gris » et de celui de Mike. Où s’arrêtera donc la cascade de cause à effet qui s’est enclenchée ?

Ceux qui suivent Arq depuis le début savent qu’Andreas a défini et construit cette œuvre dès le départ en 3 cycles de 6 albums qui sont sortis annuellement avec une précision quasi métronomique. Et de la précision, il en faut, non seulement pour suivre ce récit aux mondes imbriqués les uns aux autres, mais surtout pour le sortir de sa tête, le coucher sur papier de la sorte. Andreas a su, brique par brique, album après album, édifier une œuvre magistrale, sans jamais renoncer à ajouter des questionnements au fil des pages et ce, sans relâche, jusqu’au bout. À tel point que finir les révélations en un seul tome pouvait paraître relever de la gageure insurmontable. Certes, il ne répond pas à toutes les questions, mais le lecteur en a pris l’habitude : ses albums sont exigeants, ils demandent, provoquent, requièrent une (ou plusieurs) relecture(s). L’auteur lui-même nous invite à reprendre l’ensemble d’Arq à la lumière de cet ultime volume.

Tenter de résumer les mondes interdépendants d’Arq serait vain et ne serait que révélations dommageables pour tout nouveau lecteur qui perdrait le bénéfice de leur impact en première lecture. Ceux qui ont déjà lu un ou plusieurs tomes d’Arq, connaissent l’envergure et l’ambition de cette série. Je préfère inviter ceux qui n’y ont pas encore goûté à tenter l’expérience que de leur gâcher l’effet « Waow » qui restera un de mes souvenirs parmi les plus marquants en BD. Les mondes d’Arq sont plus qu’imbriqués : leurs inclusions les uns aux autres rappellent les complexes symbioses du monde du vivant, telles les intégrations par l’homme des mitochondries et de la flore intestinale, indispensables à sa survie. Andreas livre dans cet ultime album (et dans d’autres tomes auparavant) de nombreuses clefs de compréhension, bien plus qu’à son habitude. Mais il nous laisse également trouver nos propres réponses et pas uniquement à ses splendides pages, mais aussi aux grands questionnements de la vie. Car Arq est bien plus qu’une simple série de Bande Dessinée. Arq pose les questions que tout le monde se pose un jour au cours de sa vie… D’où viens-je ? Où vais-je ?… Et tente d’y donner une réponse !

Certes Andreas a un style graphique qui ne sied pas à tout-un-chacun, c’est indéniable. Au premier coup d’œil (celui furtivement jeté en feuilletant les pages d’un album pour lequel on hésite à franchir le pas), ce n’est clairement pas ce qui donne envie d’acheter. Son découpage inventif et toujours hyper-recherché, repoussant sans cesse les limites de la faisabilité, se révèle bien plus attirant pour tout lecteur qui cherche « autre chose » que ce qu’il a l’habitude de lire. Et Andreas nous livre tout sauf du pré-mâché, ses récits et ses albums sont toujours hors-normes, ce style froid au premier abord nous imprègne au fil de la lecture, à tel point qu’il est impossible d’en imaginer un autre au service de ces histoires. Andreas est le dernier immense auteur du 9e Art, l’essayer c’est l’adopter. Irrémédiablement.

Dire que j’ai voulu faire court, mais il est tout simplement impossible de mettre un point final à une œuvre aussi titanesque en quelques lignes.

ARQ t.18/18
Ici
Série finie
Dessinateur et scénariste : Andreas
Éditeur : Delcourt
Collection : Machination

http://www.editions-delcourt.fr/serie/arq-18-ici.html

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