La couverture est à mes yeux faussement sobre – et c’est un peu dommage. Elle aurait été tout aussi frappante, attirante avec son texte seul et surtout son sous-titre : Manifeste pour un féminisme politique et révolutionnaire. Et je vous conseillerai d’en commencer la lecture par l’épilogue page 269, pour mesurer la modestie et la sincérité de l’autrice qui méritent qu’on la lise. Vous serez sans doute surpris par le décalage entre le mot ‘Essai’ (en couverture) et le ‘récit’ qui commence à la page 19 par situer ce qui suit en 2026. Et je vous rassure tout de suite avant que l’on m’accuse de ne pas être légitime à parler d’un manifeste féminin, c’est un livre très intéressant. Si j’ai bien compris, il cherche à faire prendre conscience de la nécessité pour le combat féministe de changer de façon de lutter, prendre conscience de l’obligation de se structurer pour entrer en politique avec un programme, pour changer ce qui existe en utilisant la légalité constitutionnelle. Et plutôt que de proposer au lecteur l’éternelle forme, parfois ennuyeuse, de l’essai classique, l’autrice livre des dossiers et des échanges épistolaires à la mère de la narratrice, à peine sortie d’un coma long pour qu’elle prenne conscience de ce qui s’est produit pendant son absence au monde. Et cela s’appuie sur, à mon sens, une bibliographie passionnante. Que l’on soit féministe ou non, il importe de lire ce genre d’essai, pour être prévenu ou pour participer ou pour le moins mesurer ce que la politique masculine impose – sans en avoir vraiment conscience ? – aux femmes. Dernière remarque, celle qui confectionne les dossiers s’appelle Monica, sa mère dans le coma s’appelle Simone et si vous pouvez légitimement parlant penser que c’est en référence à Madame De Beauvoir, n’oubliez pas l’autre Simone, Madame Veil qui fit voter la loi autorisant l’IVG en France…
Bonne lecture lente.
Au revoir, Simone !
Auteure : Léa Chamboncel
Editeur : Belfond
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