Le format de ce livre est idéal pour les attentes de correspondances ferroviaires au point de vous faire oublier de regarder votre montre ou l’horloge. L’illustration de couverture fort subtile entre courbes et droites lignes vous rappellera sans doute que les bacchantes du titre ont plus à voir avec Bacchus et Dionysos qu’avec un banal porteur de moustaches. A propos du format, je pense que les auteurs devraient s’évertuer à écrire plusieurs courts plutôt qu’un seul gros pavé – question de poids, de manipulation et de transport.
Imaginez un lieu à la réputation d’inviolabilité où seraient conservées dans des conditions optimales des collections de grands crus genre Pétrus et Romanée-Conti aux millésimes de légendes et trois femmes qui seraient parvenues à pénétrer dans ce saint des saints. Donc d’un côté trois femmes et des bouteilles de très grande valeur et de l’autre le propriétaire – ex ambassadeur – des lieux investis, une cheffe des forces d’intervention et un négociateur. On ajoutera que l’action se déroule à Hong Kong à quelques heures du passage d’un typhon. Vu le ton doucereusement ironique des premières pages, on se doute bien de la chute et pourtant on reste jusqu’au bout pour voir et goûter comment on y arrive. Nous ne sommes pas dans une histoire qui se laisse lire, je dirais même que l’on devrait laisser ce texte décanter, garder le livre près de soi en regarder la couverture par intermittence puis, quand on se sent prêt, le goûter et le boire.
Si jamais il prenait envie à un réalisateur d’en proposer une version cinéma ou TV, qu’il se méfie : il n’est pas évident de trouver des comédiens capables de montrer la différence entre une prune de qualité et un whisky – l’étiquette n’est pas suffisante.
Bonne lecture.
Bacchantes
Auteure : Céline Minard
Editeur : Rivages
Collection : Rivages poche
Laisser un commentaire