Batman – L’An Zéro débarque en France ! Cet arc bien accueilli outre-atlantique fut l’occasion pour Scott Snyder (La Cour des Hiboux, Sombre Reflet, American Vampire, etc.) de se pencher, à son tour, sur les origines de Batman après avoir accompagné le personnage durant de nombreux mois. Repasser sur les origines de l’Homme Chauve-Souris, ça n’est pas une mince affaire, tellement ce chapitre de la vie de Bruce Wayne a glissé par de nombreuses mains, et non des moins talentueuses. On songe en effet tout de suite au phénoménal Batman – Année Un de Frank Miller (Collection DC Essentiels chez Urban) qui fait office de référence, à la fois point d’entrée idéal à l’univers de Batman et meilleur récit écrit sur le personnage selon l’avis de beaucoup.
Composer avec l’ombre de Batman – Année Un, c’était donc le premier défi pour Scott Snyder, qui rendait d’ailleurs un clin d’œil explicite à l’œuvre de Frank Miller avec le titre de son arc : Zero Year. Il n’y parvient qu’en se détachant avec netteté du travail de Frank Miller : là où Batman s’opposait à la corruption généralisée de la ville dans Batman – Année Un, ici il affronte une première manifestation du « super-vilainisme » à travers le gang de Red Hood ; là où le Batman de Frank Miller se contentait du strict minimum de technologie, Scott Snyder dote le sien de moyens quasi-futuristes pour combattre le crime ; là où la Gotham de Miller était étouffante de noirceur, celle de Scott Snyder, soutenu ici par le travail fabuleux du coloriste Plascencia, est resplendissante de couleurs et d’optimisme.
Moins sombre que Batman – Année Un, L’An Zéro ne néglige pas le fun inhérent aux comic books. On assiste à des scènes spectaculaires – le saut de camion dans le premier chapitre -, et on jubile en sentant, déjà à ce stade de sa carrière, la quasi-omnipotence de Batman lorsqu’il s’en prend à des criminels de bas étage. Le quatrième de couverture qualifie cette histoire d’ « iconoclaste », mais c’est assez inexact dans la mesure où Scott Snyder adresse des hommages respectueux aux origines historiques du personnage (ainsi une double-page renvoie directement à la première apparition de Batman dans le Detective Comics #27), mais également au travail de scénaristes de renom qui ont marqué le personnage tels que Bill Finger (‘The Man Under The Red Hood’), Alan Moore (Killing Joke), Frank Miller, comme dans la scène où Bruce Wayne se traîne ensanglanté jusqu’à son manoir, rappelant une scène similaire de Batman – Année Un. Scott Snyder va jusqu’à se flatter lui-même lorsqu’il mentionne, furtivement, la légende d’une conspiration de hiboux à Gotham.
On sera surpris de la richesse de la galerie des personnages. Scott Snyder soigne la relation entre Alfred et Bruce, offrant un ou deux moments plutôt touchants, mais, en parallèle, il esquisse les origines de deux autres ennemis très célèbres de Batman. On laissera au lecteur le soin de les reconnaître. Au second plan, on apprécie de voir un jeune Gordon, encore lieutenant, gai et pimpant, qui contraste ici aussi avec le personnage dépeint par Frank Miller. Un back-up scénarisé par James Tynion IV survole enfin rapidement les membres de la Bat-Family : Barbara Gordon, Dick Grayson, Jason Todd et Tim Drake. Ils ne le savent pas encore, mais leur vie recèle de palpitantes aventures, et le lecteur averti ne peut s’empêcher de s’en émouvoir. C’est là que tout commence, que diable !
Difficile de mesurer la portée historique de Batman – L’An Zéro. Si elle sera sans doute moins percutante que celle du Batman – Année Un de Frank Miller, auprès duquel la comparaison était inévitable, Batman – L’An Zéro n’en reste pas un très bon comic book qui conjugue fun, action, et clins d’œil pour les fans hardcore, le tout relevé par des dessins magnifiques, qu’il s’agisse du corps principal de l’histoire – avec Greg Capullo, que les lecteurs de Batman connaissent bien depuis La Cour des Hiboux – ou des back-ups, assurés par Rafael Albuquerque (American Vampire), au style plus impulsif et haché que Capullo. Mentionnons une fois encore la colorisation vraiment remarquable, très chaleureuse, qui vient flatter nos regards trop habitués aux nuances de gris indissociables des histoires ultra-sombres de Batman qu’on nous sert d’habitude.
Petite note aux éventuels acheteurs : les premiers tirages de cet ouvrage souffrent d’une petite erreur d’impression, en effet sur la tranche du volume on peut lire « L’An Zéro – 1ère Parie » au lieu de « L’An Zéro – 1ère Partie ». Il semblerait qu’on puisse déjà trouver en rayon des versions corrigées. Soyez vigilants si c’est le genre de coquilles que vous fuyez !
Batman Tome 4
L’An Zéro – Première Partie
Série en cours
Dessinateurs : Greg Capullo – Rafael Albuquerque – Andy Clarke
Scénaristes : Scott Snyder – James Tynion IV
Éditeur : Urban Comics
Collection : DC Renaissance
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