L’illustration en couverture est assez réussie et surtout à mon sens en total accord avec le contenu. La deuxième chose à noter c’est que ce roman a été récompensé par cinq prix littéraires – dont trois attribués par des libraires. Et là j’insiste : si ceux qui recommandent et incitent à lire mettent ce livre en avant, c’est qu’il est important ; en principe on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis. Et je pense que dès les premières pages vous comprendrez ses distinctions.
Je suppose que, comme une majorité d’individus, lorsque la vie et le monde vous agressent, vous vous réfugiez dans votre imagination, là où se promènent vos doudous affectueux. Vous vous réappropriez le monde, vous vous le rendez supportable, vivable. Ce livre est un bon outil pour réussir cette opération. Il raconte par la voix de Betty comment Betty a vécu jusqu’à sa vie d’adulte. Betty est le huitième enfant d’une femme blanche et d’un indien Cherokee, elle est une ‘moricaude’. Et sa famille est pauvre. (Betty pourrait manger à la cantine de l’école grâce à une allocation de l’État…). Mais son père sait lui raconter les histoires d’étoiles et de diamants qui réenchantent le monde et aide à le rendre supportable. Et les mots de ses histoires aident Betty à vivre et aimer les autres. Betty dispose de passerelles entre elle et le monde à la différence de ses frères et sœurs que ce monde dévore.
C’est affectivement très dense et écrit avec beaucoup de finesse. Avant de vous livrer des citations, je vous conseillerai de lire attentivement les citations bibliques au début de chaque chapitre et ensuite, une fois que vous serez entré dans le roman, de l’abandonner puis de le reprendre un peu au hasard, d’en faire presque une lecture sporadique pour ne pas trop user son effet bénéfique. Au cas où vous auriez des doutes sur l’importance des histoires, rappelez-vous un certain film de Roberto Begnini, La vie est belle je crois. Citation, c’est Betty qui parle : « Raconter une histoire a toujours été une façon de récrire la vérité. Mais parfois, être responsable de la vérité est une façon de se préparer à la dire. Mon père n’est pas mort dans les bois. Il est mort à l’hôpital. Ma robe blanche couverte de sang. »
Bonne lecture.
Betty
Auteure : Tiffany McDaniel
Editeur : Gallmeister
Collection : Totem
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