De peur d’être déçu je m’intéresse peu aux revues ou alors il me faut de l’exceptionnel, or Sturgeon est un auteur exceptionnel. Le sous-titre moyennement lisible sur une couverture sombre est « le trop humain ». Pour ceux qui ne connaissent pas, cela fait référence à un des romans de Sturgeon : « Les plus qu’humains ». Disons-le tout de suite, le dossier Sturgeon et les deux nouvelles qui l’accompagnent justifient l’emplette… J’y reviendrai, mais avant je veux faire un sort à un éditorial écrit au démonte-pneu spécial pour fin connaisseur du genre et de ses arcanes… Vous dire que Thierry Di Rollo est un auteur précieux qui se permet d’écrire « l’endroit est dénué » ; vous trouverez dans les exemples consacrés à ce mot « dénué » une citation de Balzac qui conforte l’exemple ci-dessus… Vous signaler l’introduction de la nouvelle « Aux portes de Lanvil » qui se termine ainsi « Sa première nouvelle publiée dans nos pages. Vous dire qu’on y a tout bien compris serait mentir… » Je me permettrai de trouver là un petit côté amateur et gentillet à l’image de certaines illustrations internes.
La première nouvelle de Sturgeon présentée ici s’intitule « Tandy et le brownie » et l’on nous dit que Tandy renvoie à un des enfants de l’auteur. Si, prévenu de cela, vous lisez le texte je pense que cette information va vite disparaître de votre mémoire tant l’histoire et la façon – très subtile – dont elle est racontée dépasse le cadre d’un enfant particulier pour nous parler de tous les enfants en général. Vous sautez quelques pages et vous allez directement lire « L’homme qui a perdu la mer »… et en écrivant cela il m’est venu à l’esprit un court roman d’un certain Jules Supervielle, intitulé « L’enfant de la haute mer ». Vous comprendrez que Sturgeon est un grand écrivain tout court et, bien sûr, comme tous les grands, son sujet de prédilection est l’humain…
Profitez de ce que des versions aux traductions révisées de ses romans ressortent actuellement pour vous plonger dans cette œuvre dense et pleine de nous.
Bonne lecture…
Bifrost n°92, Théodore Sturgeon
Editeur : Le Bélial’
Merci Sturgeon….