Le Bourreau a compris qu’il n’est pas le seul à avoir le Don, celui qu’il a si longtemps affûté et développé avec son Maître dans sa jeunesse, avant qu’il ne devienne l’exécuteur des basses besognes des dirigeants de la ville de Paris. Ce fameux Don qu’il ne comprend pas vraiment, qui lui donne certains pouvoirs, dont l’invulnérabilité contre les attaques de ceux qui ne connaissent pas son identité véritable, mais également ce Don unique qui lui permet de convoquer à lui les coupables afin qu’ils subissent un juste châtiment. Un autre Don unique est apparu : un bouffon capable de se déplacer, sous le couvert d’un nuage de fumée, instantanément d’un point à un autre, c’est ce nouveau mystérieux justicier que notre Bourreau va essayer de comprendre en menant son enquête. Comprendre ses motivations, comprendre ce qui se cache sous ce masque, comprendre à quoi servent ces autres masques qu’il a trouvé au fin fond d’une cave d’une honnête femme du monde. Il lui reste tant de choses à comprendre…
Le premier tome fût une bonne surprise : sous ses atours drapés de super-héroïque médievalo-fantastique, l’introduction sut en effet ne pas trop tirer sur la corde, expliquer d’où provient le Don, ne pas en abuser pour livrer un honnête et équilibré album qui mettait l’eau à la bouche. La multiplication des personnages et des sous-intrigues de cette deuxième partie de la trilogie (en tout cas annoncé comme tel, au dos de l’album), si elle donne une impression de complexité au scénario, dessert grandement le plaisir de lecture. L’on a tendance à se perdre dans les méandres d’un récit qu’on sent inutilement alambiqué, tel un gueux qui se perd dans le labyrinthe des ruelles de Paris. Mathieu Gabella nous avait déjà fait le coup d’une complexe conclusion à La Licorne (également chez Delcourt), espérons que le prochain et final volume soit moins difficile à digérer. Surtout que ce « Mascarades » laisse un peu trop de place aux « super-pouvoirs » de ces fameux masqués-costumés-capés, soulignant trop l’aspect super-héroïque au détriment d’une juste harmonie. Côté dessin, rien à redire, Julien Carette (aidé de Jérôme Benoit pour les décors) fait le job efficacement, dans un style devenu classique chez son éditeur, Delcourt. Il manque sans doute d’un peu plus de caractère pour se différencier réellement de certains collègues, mais il n’empêche qu’il est rarement pris à défaut et qu’il rend parfaitement l’atmosphère de ce Paris fantastique.
Au vu de la longue distribution en page-titre de cet album, il apparaît clairement que la bande dessinée va prendre le virage du comics américain, spécialisant les tâches des uns et des autres intervenants. Pour le meilleur ou pour le pire, nous verrons bien. Sauf qu’ici il n’y pas de réel gain de productivité puisque le rythme se situe autour d’un album par an, habituel en franco-belge…
Le Bourreau t.2/3
Mascarades
Série en cours
Dessinateurs : Julien Carette – Jérôme Benoit
Scénariste : Mathieu Gabella
Éditeur : Delcourt
Collection : Terres de Légendes
http://www.editions-delcourt.fr/serie/bourreau-02-mascarades.html
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