Attention ! il s’agit d’un tout petit livre. Je veux dire un livre peu épais de 26 pages. Mais c’est d’une rare densité et, comme tous les livres de ce niveau, cela ouvre des perspectives intellectuelles assez vastes. C’est une communication de l’auteur au Collège iconique de l’INA du 8 février 1995 revue et corrigée pour cette édition. Il faut aussi savoir que Régis Debray est un spécialiste de l’image et qu’il a établi les bases de la médiologie qui s’intéresse beaucoup aux images.
L’intérêt de ce livre réside principalement dans la façon dont l’auteur relie les trois éléments de son titre à travers nos cultures et les religions. On retiendra d’une part que ce que l’on croit dissocié, peu en rapport, occidental ou unique coule de source. Vous vous souvenez d’Anita Eckberg dans « La dolce vita » de Federico Fellini, avez-vous fait le rapprochement avec la Vénus sortant de l’onde de Botticelli et le fait que cette Vénus latine est l’Aphrodite grecque ? Et je suis sûr qu’en cherchant bien on trouverait d’autres occurrences, d’autres relations. Régis Debray va même jusqu’à convoquer les vierges noires qui tiennent leur fils sur leurs genoux et un livre. Il note l’importance de l’image dans la religion chrétienne par exemple en mettant sainte Véronique et le Saint Suaire en opposition à la parole, au verbe masculin. Il montre aussi que les premières sculptures sont des représentations de la femme et donc que le matriarcat précède le patriarcat. Vous avez là un bon petit livre de transport en commun et de transport intellectuel… De quoi vous donner à réfléchir pour la journée…
Et je ne résiste pas au plaisir d’une petite citation « Il faut stocker pour penser et conserver pour réfléchir »…
Bonne lecture.
Ça coule de source, L’image, l’eau, la femme
Auteur : Régis Debray
Editeur : INA
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