Il y a quelques années, Aline Guignard et Olivier Forney avaient enfourché leur vélo pour partir à l’aventure. Cette fois, c’est le kayak qui sera leur compagnon de route ou plutôt de rivière et de mer sur plus de 4600 km. A la force des bras, ils iront chasser une nouvelle fois les horizons de leurs rêves. A quelques heures de partager un dernier verre avec famille et amis, ils se confient sur le projet qu’ils accomplissent au nom de l’association Zoé4life, qui lutte contre le cancer pédiatrique. Parole à deux aventuriers des temps modernes.

Qu’est-ce qui vous guide dans l’élaboration d’un projet au départ ?

Olivier : La première chose pour moi c’est le besoin. Je suis mieux en voyage qu’ici. Comme toute personne je cherche à être bien donc le voyage c’est ma façon de vivre en étant bien. Ensuite, on a du plaisir à découvrir de nouveaux environnements, de nouvelles personnes et cela on peut le faire facilement à travers le voyage.

Aline : En revenant d’un de nos voyages, on s’était posé la question de ce qu’on voulait pour la suite. On avait pris un moment pour poser les choses, pour savoir de quoi on avait besoin dans notre vie. On avait fait une sorte de schéma pour mettre en lumière ce vers quoi on voulait aller et il y avait la notion de nature, d’animaux, de voyage.

Est-ce qu’il y  au contraire des choses qui vous font peur, qui vous retiennent ou freinent ?

Olivier : Je dirais que cela fait déjà quelques années que je n’ai plus peur de grand chose parce que je me dis que toutes les peurs, si on les prend assez tôt peuvent être réduites à des craintes et puis les craintes, on peut les maîtriser ou les anticiper en apprenant. On ne va pas courir dans les bras de l’armée russe car on est conscients que c’est un danger et qu’on ferait pas le poids. On va éviter le danger avant que la peur n’arrive à nous. Il y a une anticipation, un raisonnement, un apprentissage qui se fait pour qu’on puisse partir d’une manière sereine.

Aline : Avoir la capacité de s’adapter à ce qui vient, ça permet de diminuer des peurs. Si on était plus figé dans le temps ou l’espace, on pourrait avoir peur de ne pas mener à bien notre projet.

Quelle est la place que vous laissez au hasard dans vos voyages ?

Olivier : D’une manière générale, je dirais à peu près 100%. Pour ce voyage-là, étant donné qu’on a des sponsors, un partenariat avec Zoé4life et qu’on a dû mettre le projet dans une case pour que les gens puissent s’en emparer et le comprendre, on a beaucoup moins de marge de manœuvre au niveau géographique notamment. On suit un trajet défini. Après au niveau de la temporalité, on a plus de marge mais on ne va pas s’écarter trop du chemin sauf si on prend de l’avance.

Aline : Il y a une échelle plus petite au niveau du quotidien de rien avoir de prévu en terme de lieu où on dort. Ça permet de laisser une place à l’imprévu, même si la globalité est un peu plus dirigée cette fois. Au quotidien, on peut laisser beaucoup de place au hasard et c’est ce que j’apprécie dans le voyage itinérant.

Justement c’est la première fois que vous voyagez pour une association, Zoé4life, est-ce que ça vous met une certaine pression ? Une pression particulière d’arriver au bout finalement car il y a des sponsors, des gens qui ont mis de l’argent.

Olivier : La seule pression que j’ai par rapport à Zoé4life, c’est de ne pas récolter suffisamment de dons. Ce n’est pas une pression que eux me mettent d’arriver au bout. Si on n’a arrive pas, ils nous en voudront absolument pas. Par contre, c’est vrai que si j’arrive là-bas et que la somme récoltée serait à mon sens petite, je risquerais de ressentir de la déception. Donc je me mets la pression pour communiquer un maximum, pour le faire le plus correctement possible. Et réussir, on va réussir sauf si on se casse une jambe parce qu’on a suffisamment de cordes à notre arc pour pouvoir trouver des alternatives. Donc peut-être que ça ne sera pas exactement comme c’était sur le papier, mais ça sera.

Aline : Je pense que ça me met une forme de pression dans le sens où il y a vraiment un point précis à atteindre dans l’idéal, le Cap nord, et un peu moins de possibilité de s’adapter sur ce qu’on va découvrir parce qu’il y a ce projet-là de récolte de fonds. Le fait qu’on ait fait pas mal d’article pour récolter des fonds entraîne une certaine visibilité, même si dans l’absolu j’aimerais que cela n’ait pas d’impact sur le fait d’y arriver ou pas, il y a quand même une part de pression en plus.

Vous allez faire plus de 4000 km en kayak, a priori un moyen de transport qu’on utilise peu, sans entraînement spécial. Est-ce que des gens pensent que vous êtres fous ?

Aline : On a plutôt eu des retours d’admiration. Personne n’a mis en avant un aspect irraisonné.

Olivier : Vu que c’est pas la première fois qu’on part, les gens ont une certaine confiance et ils savent qu’on arrive à faire aboutir des défis de ce type. Dans les personnes les plus à même de poser un regard sur la faisabilité du voyage en kayak, les gens du club de kayak, qui ont une certaine expertise de ce moyen de locomotion, ont trouvé qu’on se posait les bonnes questions, qu’on avait le bon matériel et que tout collait en tout cas sur le papier. Il reste que la nature sera ce qu’elle est et qu’on sera peu de chose face à elle.

Vous serez aussi dépendants de vos corps.

Oui bien sûr. A nous de nous écouter et d’avancer à notre vitesse.

Ce n’est pas la première fois que vous partez, quelles sont les trois choses principales que vous avez apprises ?

Olivier : Je dirais que les gens sont bons. On tombe sur des crétins c’est inévitable, mais la grande majorité des gens sont bons donc si on a besoin d’aide, on en aura. Je dirais qu’on a les deux beaucoup de compétences, mais pas les mêmes. On est complémentaires. On ne s’est jamais retrouvé dans une situation où ni Aline ni moi n’avions des compétences.

Aline : Je dirais de faire confiance à ce qui vient. A travers les voyages, j’ai compris que les choses arrivent. Il faut simplement y croire et donner le temps.

Comment peut-on vous soutenir ?

En achetant des kilomètres pour Zoé4life sur notre site internet (https://chasseursdhorizon.com/cap-kayak).

Olivier : Un autre moyen est de diffuser l’information car à l’heure actuelle, nous avons un réseau défini et c’est très difficile d’aller au-delà de ce réseau. Si les gens partagent nos infos sur leurs réseaux, cela nous permet d’aller plus loin.

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Crédit photos : Benoît Gay-Crosier


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