captain america t.5 - extrait

captain america t.5 – extrait

Après avoir tué Steve Rodgers de manière spectaculaire dans le tome précédent (« Le Rêve est Mort »), Ed Brubaker continue son excellente reprise du personnage en composant avec Bucky Barnes, qui peine à soutenir le poids du costume du Cap’. Sera-t-il à la hauteur pour défier Crâne Rouge ? Sharon Carter est toujours retenue captive par Crâne Rouge grâce à la complicité du Dr Faustus. Bucky Barnes, la Veuve Noire et le Faucon auront fort à faire pour la récupérer, surtout que Crâne Rouge garde près de lui sa fille, Sin, et qu’elle a une dent contre l’ex de Steve Rodgers. Une seconde intrigue, plus courte, démarre ensuite, et met Namor, la Veuve Noire et Bucky face à un ennemi exotique tiré de leur passé. Est-ce que Bucky n’en aurait pas fini avec son passé de Soldat de l’Hiver ?

Acclamé par les critiques, le run d’Ed Brubaker sur Captain America est en effet de très bonne facture. S’il s’en sortait pas mal à la direction d’un personnage aussi lisse et donc difficile que Steve Rodgers, la transition du costume vers son ancien sidekick est une excellente idée puisque ce dernier montre plus de reliefs : moins fort physiquement, souffrant de l’ombre de son mentor, accablé par ses années en Russie où il œuvrait contre son pays et ses idéaux, etc. Si la mort du Cap’ originel a attristé beaucoup de monde, Ed Brubaker et ses lecteurs en tirent largement profit, et ce tome l’illustre particulièrement. On est par ailleurs soulagé de constater que le scénariste ne cède pas à la tentation de ramener Rodgers à la vie trop vite, bien qu’une telle résurrection soit inévitable dans les comics, tôt ou tard.

On apprécie également le roster chargé, que ce soit du côté des gentils comme des méchants. Le titre prend parfois même des allures de comics de « teams » tant Ed Brubaker rechigne à faire travailler son héros en solo, l’entourant sans cesse d’alliés comme le Faucon, Black Widow, Sharon Carter ou Namor. Du côté des méchants, à côté du traditionnel et inévitable Crâne Rouge, le Docteur Faustus se détache par un portrait nuancé qui attire plus de sympathie que son partenaire de crime, ou que la fille de celui-ci, Sin, presque trop impulsive pour être charismatique.

Bien que Steve Rodgers soit considéré comme mort, il n’est pas totalement absent. Son souvenir pèse ainsi sur Bucky Barnes, tourmenté, comme évoqué précédemment, par le poids du costume qu’il endosse quasiment à contrecœur. De même, Ed Brubaker utilise le « faux » Steve Rodgers des années ’50 pour jouer également avec le poids de ce symbole, de cette légende, avec une intelligence rafraîchissante pour un comics mainstream. Le souvenir de Steve Rodgers apparaît également lors de flashbacks qu’Ed Brubaker utilise pour introduire au lecteur des éléments d’intrigue en les piochant dans le passé de Bucky et Steve. Si la démarche en soit reste classique, Ed Brubaker l’adopte avec la fluidité suffisante pour qu’elle n’alourdisse pas son récit.

Ceci dit, ce cinquième tome de Captain America (quatrième avec Ed Brubaker aux commandes) reste un comics mainstream. Ainsi, les scènes d’action prennent une part non-négligeable (celles-ci sont d’ailleurs mises en scène avec brio, notamment à travers l’utilisation du bouclier) qui équivalent quasiment en dynamisme ce qu’on a pu voir au cinéma. Cependant, les lecteurs ayant pu observer Ed Brubaker sur des titres plus intimistes (Catwoman, Velvet, Gotham Central, etc.) connaîtront peut-être des regrets en ne le voyant pas étaler sa maîtrise des relations entre les personnages comme il a pu le faire dans des titres relevant davantage du polar. Ceci n’est pas forcément à considérer comme un défaut, mais réclame qu’on accorde ses attentes à la nature du titre.

Concernant les dessins, Steve Epting s’en sort bien, mais l’artiste souffre parfois d’un encrage trop appuyé qui assombrit à outrance les planches, sans marquer de différences entre les scènes d’intérieur ou d’extérieur, entre la violence et les accalmies. À ce niveau, un travail plus subtil se serait mieux accordé avec le scénario d’Ed Brubaker. Glissons également un mot sur l’édition de Panini, qui se détache des tomes précédents ici en optant pour une couverture imprimée qui contraste avec le noir uni sobre qui ornait les précédentes sous une feuille de papier glacé protégeant le tome. Le lecteur aura ainsi le choix de conserver ou non l’enveloppe que connaissent bien les habitués des hardcovers à l’américaine. On ne peut que saluer cette initiative probablement prise sur l’exemple de la concurrence puisque c’est ainsi que Urban Comics procède depuis son arrivée sur le marché francophone.

En conclusion, un amateur du Cap’ trouvera largement son compte avec ce cinquième tome, qui ne souffre pas une seconde de l’absence de Steve Rodgers pour cause de décès. Ceux qui avaient apprécié le récent Captain America – Le Soldat de l’Hiver à l’écran seront ravis de pénétrer davantage la personnalité intéressante de Bucky Barnes, qui offre un succédané plus qu’honorable à la « légende » du Cap’ originel. Seuls les amateurs des polars, où Ed Brubaker excelle, risquent d’être refroidis par la direction « mainstream » de ce run ; pour les autres, on recommande enfin évidemment d’arriver à ce récit par les tomes précédents pour mieux saisir le statu quo et les enjeux initiaux.

Captain America t.5
La Flèche du Temps
Série en cours
Dessinateurs : Steve Epting, Luke Ross, Roberto De La Torre, Jackson Guice
Scénariste : Ed Brubaker
Éditeur : Panini Comics
Collection : Marvel Deluxe

http://www.paninicomics.fr/web/guest/productDetail?viewItem=779754

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