Certes la couverture est belle mais je ne suis pas sûr qu’elle rende bien compte du contenu. Peut-être qu’une photo des deux totems qui ont présidé, ainsi que le raconte l’auteure dans l’avant-propos, à la naissance de ce roman, aurait plus intrigué. L’œuvre date de la fin des années 70 et sa traduction en français de 1992, je vous laisse faire les calculs… en espérant qu’après lecture vous vous inquiéterez des titres que l’on rate sans doute. 

Tayo, jeune métis de laguna pueblo et de blanc, s’est engagé avec son cousin Rocky, pur laguna, pour combattre les Japonais. Ils ont connu l’enfer et seul Tayo est revenu. Rocky s’intégrait assez bien à la société blanche alors que Tayo était partagé entre sa culture indienne – basée sur un sensuel et profond rapport à la mère nature – et le désir d’être intégré. A son retour Tayo fait comme d’autres Indiens : il boit et se saoule. Si les autres boivent pour retrouver leur identité de GI, lui boit pour oublier cette guerre qui lui a volé son ‘frère’ Rocky. Et puis il comprend la nécessité de la ‘Cérémonie’ qui doit pouvoir l’aider à retrouver son clan. Un clan où sa tante qui va à la messe tous les dimanches, après avoir échoué à ramener sa mère, sera heureuse de le voir, lui, revenir. Vous avez repéré les mots clés dans mon résumé succinct ? Indiens, Blancs, Métis, Guerre, Religion Catholique, Adoration-respect Mère-nature… et quatre accessits : Réserve, Tribu, Clan, Ivrognes.

Je vous offre une courte citation qui devrait vous prouver que ce roman n’a pas une ride : « Les anciens disaient que les sécheresses se produisent quand les gens oublient, quand ils se comportent mal. » Et une plus longue qui mesure la lucidité de Tayo : « Ils ne pensaient jamais que c’étaient les Blancs qui leur avaient donné ce sentiment de faire partie intégrante de l’Amérique et qui le leur avaient retiré une fois la guerre terminée. » (S’il vous reste un peu de temps, allez regarder un Eastwood : Mémoires de nos pères et un Cimino : The Sunchaser.).

C’est d’une rare densité et bien servi par une traduction réussie.

Bonne lecture.

Cérémonie
Auteure : Leslie Marmon Silko
Editeur : Albin Michel
Collection : Terres d’Amérique

www.albin-michel.fr

Cérémonie
5.0Note Finale

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