Question : de quelle couleur sont les chaussures de la petite fille triste qui figure en couverture ? Facile ? et pourtant le regard captive, non ?
Celle qui raconte c’est Jeanne et elle parle de ces deux demi-sœurs, Monique et Thérèse, livrées comme elle à l’Assistance publique. Dans les années 1950, la France est encore sous le régime de la loi de 1920 (qui interdit l’avortement) et le Planning familial n’est pas partout. En 1960, Jeanne a sept ans et le petit trio est confié à mademoiselle Eugénie qui vit avec ses parents au château des Marguerites. Charlotte vient bientôt rejoindre le trio… C’est la petite sœur mais mademoiselle Eugénie l’adore. Et les enfants vont grandir en apprenant la vie et les mensonges ou les omissions complaisantes qui l’accompagnent.
C’est un roman sépia. Comme ces très vieux albums de photos oubliés au fond des vieilles armoires que l’on feuillette à la recherche de souvenirs et où les visages ne parlent pas ou plus. Et le premier mérite d’Yves Voillier est de rendre compte de ces sautes de mémoire (comme l’on parle de sautes d’humeur) sans rien oublier de ce que raconte Jeanne.
Le genre de roman émouvant mais qui pourtant n’est pas larmoyant. Je suppose que vous avez lu au moins un de ces romans feuilletons du genre « Les deux orphelines » et autres romans édifiants qui racontent le courage et la force des pauvres. Là, nous sommes à un niveau supérieur, d’abord dans l’écriture et ensuite dans l’absence de morale. On ne vous dit pas ce qu’il faut penser de ce qui est raconté, on vous laisse en prendre lentement – plus ou moins selon le lecteur – conscience et en tirer vous-même votre leçon… Un peu comme on se fait une idée devant un tableau… Là, on pourrait parler du tableau d’une époque.
Bonne lecture.
C’était ma petite sœur
Auteur : Yves Viollier
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France
Laisser un commentaire