Après un entretien avec son père, Joseph est parti d’un coup. Il laissait sa fiancée Margot et s’embarquait. Il est revenu bien plus tard, après la mort de son père, empêchant sa sœur de vendre la ferme dont on veut aujourd’hui l’exproprier pour faire passer un tronçon d’autoroute. Nous sommes en Corrèze et Joseph, trublion local notoire, est devenu ami avec Alexandre, le petit-fils de Margot. Un gamin de douze ans que garde son père artisan dont l’épouse est ailleurs. L’enfant est curieux de nature. Joseph, pour fuir la place à l’hospice qui l’attend, s’est bricolé une surprise, mais commence à subir les effets de l’âge et de ses « bourlinguages ». Bien, nous savons, ou au moins nous doutons de, ce qui a fait fuir Joseph, l’empêchant d’épouser Margot. Elle a eu du mal à pardonner et elle sait que la révélation faite à Joseph est fausse.
L’important, comme d’habitude, n’est pas là. Comme souvent chez Gilbert Bordes ou ces autres auteurs-auteures qui aiment à raconter des vies de gens, ce qui compte c’est la découverte de soi dans la rencontre avec l’autre. Et d’abord le refus des apparences comme signes de vérité. Le refus de ce que l’on n’a pas vérifié par soi-même. En fait se fier à la parole de l’autre c’est plus ou moins se perdre, c’est ce que dit dans ces romans la parole de l’ami. Celui ou celle qui a établi avec vous une connivence, un sens des silences, une écoute attentive qui détecte les fêlures, un jeu de regards… Ces auteurs et auteures nous attendrissent, nous émeuvent car ils savent parler d’empathie et nous la donner à lire, sans ouvrir pour autant l’album des nostalgies d’un temps qui ne peut plus être et qui tient plus à nos souvenirs qu’à l’Histoire. Joseph a ici des souvenirs qui relèvent de son imagination, par exemple.
Bonne lecture lente…
Chante, Rossignol
Auteur : Gilbert Bordes
Éditeur : Éditions Retrouvées
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