Charlotte
En couverture un détail d’une des huit cents gouaches de l’œuvre de Charlotte Salomon – intitulée « Leben ? Oder Theater » ( Vie ? ou Théâtre) – qui découverte par hasard par David Foenkinos lui a inspiré un roman hommage qui lui a valu le Prix Renaudot 2014. Personnellement, j’ai pris pour habitude de me méfier des œuvres récompensées par des prix littéraires. Une œuvre, pour moi, doit subir je crois l’épreuve du temps plutôt que de se plier plus ou moins à une mode ou un temps.
Là avec cette lecture modeste – la voix de Yves Heck fait peu de fioritures, d’effets – le roman plie le lecteur à ce qu’il raconte. D’ordinaire le lecteur reste maître de ce qu’il lit. En fait, comme Foenkinos l’explique lui-même, la forme de l’histoire s’est imposée à lui. Phrases courtes, certaines hachées, comme des pointillés, comme une respiration haletante de personne traquée. Le sujet : le sort des juifs dans l’Allemagne nazie. Le sort d’une femme contrainte à fuir qui se réfugie en France mais mourra dans un camp. Le sort d’une femme qui ne connaitra que trois ans avant de mourir la vérité sur la mort de sa mère qui s’est suicidée et non noyée accidentellement comme on le lui a raconté. En bon écrivain qu’il est, Foenkinos raconte en évitant de juger, de commenter. Il dit et c’est au lecteur de – d’abord – endosser, supporter le sort réservé aux juifs en ce temps-là et ensuite de commenter, de juger. Si par hasard il vous arrivait de réécouter/relire ce livre vérifiez si votre commentaire, votre jugement intervient au même endroit que lors de la première écoute. Je ne résiste pas au plaisir d’une petite citation : ils sont devenus des personnages c’est bien la preuve qu’ils ont vécu.
Bonne écoute.
Charlotte
Auteur : David Foenkinos
Lu par : Yves Heck
Editeur : Gallimard
Collection : Écoutez/Lire
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