Comme une mule qui apporte une glace au soleil

La couverture vous tirera sans doute l’œil et vous aurez peut-être du mal à déchiffrer la phrase de Taiye Selasi (qui est-ce ?) qui y figure en blanc ou même le nom de l’auteure en vert clair sur fond blanc. Peut-être faudrait-il expliquer aux illustrateurs qu’ils travaillent pour le plaisir des autres et non pour le leur. J’ai aussi tiqué sur la longueur du titre, mais ce n’est pas grave. L’auteure, dont c’est le premier roman traduit en français, est née au Nigéria et a vécu au Kenya, en France et en Angleterre et vit aujourd’hui à San Francisco. Et son livre est pleinement américain. Je veux dire par là qu’il glorifie un art de vivre que je situerai entre « Columbo » et certains Woody Allen. Un décor façon série US, celle qui donne l’impression d’un goût standard guidé par un esprit pratique et des personnages qui déambulent à la recherche d’eux-mêmes ou d’un animal domestique égaré.

Morayo Da Silva est sur le point de fêter ses soixante-quinze ans. La quatrième de couverture la qualifie de Mrs Dalloway nigériane en espérant ou en croyant l’héroïne de Virginia Woolf bien connue … Et elle va nous présenter son petit monde, c’est-à-dire le quartier de Haight-Ashbury à San Francisco… Elle découvre et fréquente aussi les autres par le biais de la littérature, des romans – « j’en ai des centaines » – alignés aux murs de son appartements. Leurs héros se fréquentent et dialoguent entre eux pour son bénéfice et le nôtre. Elle, elle parle à « Poussin » sa vieille Porsche comme si celle-ci avait du répondant.

La question est la suivante, sachant que ses voisins de palier et de rues n’ont guère à envier à nos voisins personnels, à nos rencontres de transport en commun, quel est l’intérêt de leur fréquentation ? Passer un bon moment dans les transports en commun !

Bonne lecture (n’oubliez pas votre arrêt !).

Comme une mule qui apporte une glace au soleil
Auteure : Sarah Ladipo Manyika
Editeur : Delcourt