Un recueil de douze nouvelles dont la première édition est datée de 1976. C’est-à-dire près de quarante ans, et l’on pourrait croire qu’il faille ranger ces textes au rayon des nostalgies. Avant d’oser faire ce classement, lisez donc un ou deux textes au hasard. Vous trouverez sans doute des éléments qui vous renverront dans ce lointain passé de la première moitié des années 70 – l’image de l’université par exemple – mais il m’étonnerait que les histoires qu’ils portent ne vous fasse pas oublier le temps pour vous rapprocher de notre époque. Je vous parlerai de quatre des douze nouvelles pour vous donner l’idée générale…
Le texte qui donne son titre au recueil est l’antépénultième et met en scène deux professeurs d’histoire. La première est restée très longtemps dans un établissement qui a été ruiné par un directeur-spéculateur. Elle s’est éteinte intellectuellement pour ne pas risquer que l’on se sépare d’elle. Elle végète dans un trou pluvieux de l’Oregon lorsque une ancienne collègue ayant socialement réussi mais affectivement détruite fait appel à elle pour un poste éventuel… Deux femmes que tout oppose et qui pourtant semblent identiques.
Ne quittons pas l’université le texte intitulé « Fumeurs » traite des étudiants et décrit comment l’un d’entre eux – lâche et ambitieux – parvient à en évincer un autre grâce au soutien d’un troisième qui a besoin de lui.
Pour rester du côté des jeunes je vous recommande « Passagers » qui outre vous rappeler peut-être un certain sketch de Coluche (« l’autostoppeur ») vous présentera un représentant de commerce et ses habitudes bousculées ici par une jeune femme et son chien.
Vous retrouverez une histoire de chien dans « Chasseurs dans la neige » qui raconte une partie de chasse de trois hommes, trois Américains. Il y est question d’amitié, d’adultère et d’utilisation libre d’armes.
Il s’agit pour moi de littérature insidieuse, subtile. Cette littérature qui se contente de décrire des situations sans « pathos », sans mélodrame, comme elles se présentent et laisse le lecteur s’indigner ou s’inquiéter sans lui offrir le réconfort d’une quelconque morale. Une littérature un peu perverse peut-être mais qui donne à penser.
Bonne lecture, sans ordre et au compte-gouttes…
Dans le jardin des martyrs nord-américains
Auteur : Tobias Wolff
Editeur : Gallmeister
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