En confrontant titre et nom de l’auteur, j’ai brièvement pensé encore une astuce provocante de traducteur. Puis j’ai lu qu’il s’agissait d’un premier roman écrit directement en français par un écrivain italien vivant en France depuis 1981 et ayant déjà une longue bibliographie. Ma pensée de départ n’était pas tout à fait fausse. Elle mérite simplement d’être nuancée. Pour moi – je vous l’ai peut-être déjà dit – les gens qui maîtrisent deux langues ont plus d’humour que ceux qui n’en maîtrisent qu’une. Ils peuvent faire rire dans deux langues et dans une troisième – mélange des deux autres – qu’on pourrait appeler la langue de l’humour. Et là, au mélange de langues, l’auteur ajoute un mélange d’attitudes. En lisant j’ai pensé de manière diffuse – la séquence des Comices agricoles dans Madame Bovary – à Flaubert. Sans doute aussi à cause du regard critique que le personnage de Lorenzo porte sur lui et les autres. Lillina, sa maîtresse, est très réaliste et, comme l’on dit, appelle un chat un chat. Mais l’auteur n’écrit pas toujours chat en entier ou remplace le mot français par un mot italien (sicilien) plus juste en fonction de ce qu’il nous raconte. Et c’est cru, comme la lumière de Sicile, comme la violence mafieuse – la séquence où trois hommes en tuent un autre selon le rituel est très réussie, on se croirait à la place du témoin dont le regard nous évite la trivialité de la scène. De quoi vous donner envie de revoir les grands classiques du cinéma italien, comme l’arrivée de Burt Lancaster – couvert de poussière – dans son village de villégiature dans le Guépard…
À dévorer sans tarder pour attendre le roman suivant écrit directement en français… Profitez-en pour jeter un œil au contenu du catalogue de la collection des Lettres Nouvelles proposé en fin de volume… il y a des perles indispensables.
Bonnes lectures.
Dans l’utérus du volcan
Auteur : Andrea Genovese
Editeur : Maurice Nadeau
Laisser un commentaire