J’ai compté seize valises emboitées et quatorze courts textes, il n’y a donc pas de relation directe entre le recueil et l’illustration de couverture, cela, bien sûr, ne m’a pas empêché d’en établir un en lisant. Les textes s’enchâssent, se font écho pour n’en constituer qu’un seul qui nous dirait l’autrice. Imaginez chaque nouvelle comme une carte postale nous donnant à lire un bout de celle qui poste dans un ordre faussement aléatoire. Et au bout du compte un portrait-puzzle à déchiffrer, pour nous, et, pour elle, un portrait en tenue de camouflage… Un peu comme ces dessins à reconstituer en traçant une ligne qui relie une suite de nombres. On supposera que Colombe Boncenne parle d’elle à travers sa relation à l’écriture, Samuel, son père, sa mère, sa psychanalyste, une amie, l’art, ses souvenirs. Mais ne me demandez pas ce qu’elle en dit. Il me semble que son écriture précise et dense ne fait que nous poser des questions. Et au moins deux : comment sont ceux que nous connaissons quand nous ne les voyons pas ? Ceux à qui nous nous sommes confiés peuvent-ils nous reconnaître quand ils nous revoient hors de la zone de confidence ? Surtout n’allez pas croire qu’elle parle avec nous comme on échange devant une tasse de thé ou un demi de bière, il faut interrompre sa lecture pour voir comment sa façon de dire est faite pour nous faire oublier qu’elle écrit. C’est subtil ! En relisant le ‘titre’ du premier texte : ‘Police’ où il est question d’un officier de police je me dis que c’est aussi le mot qui désigne de manière générique les caractères pour imprimer : on parle de police d’écriture… de police de caractère… Attention citation longue : « Dans le poste, il est question de dauphins : une étude récente a démontré qu’ils pouvaient être atteints de la maladie d’Alzheimer. Leur mémoire de poisson-cétacé altérée pourrait expliquer les cas récurrents d’échouages solitaires, des individus retrouvés morts sur les plages loin de leur banc. Sur d’autres plages, on retrouve des corps d’êtres humains sans vie, noyés, gonflés par les eaux, leurs dépouilles charriées par le reflux des vagues jusqu’au rivage des côtes qu’ils essayaient d’atteindre embarqués dans des canots de fortune. ».
Bonne lecture lente…
De mes nouvelles
Auteure : Colombe Boncenne
Editeur : Zoé
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