Deadly Premonition 2: A blessing in disguise marque le retour d’un ovni vidéoludique des plus spécial. Les fans n’en croyaient pas leurs yeux ni leurs oreilles, à l’annonce d’une suite à Deadly Premonition. Deadly Premonition 2 arrive ce 10 juillet en exclusivité sur Nintendo Switch.
Deadly Premomition est une série de jeux très particulière qui s’inspire de beaucoup d’autres jeux vidéo mais aussi de films et de séries américaines. On retrouve un gameplay et des mécaniques qui font penser fortement aux vieux Resident Evil et autres Silent Hill pour son côté action et survival horror. Mais il y a aussi une partie open-world un peu à la GTA (on en est très loin quand même) et un peu de Shenmue pour le côté rp avec l’importance de dormir, manger ainsi que pour les contraintes temporelles des quêtes. Le tout mixé maladroitement avec un sérieux manque de savoir-faire. Niveau scénario, faut s’accrocher, on retrouve du True Detective. Tout parait normal en surface, du moins au début, puis un peu étrange pour petit à petit sombrer dans la démence totale. Le côté décalé des dialogues est le meilleur du jeu. C’est bizarrement écrit et surprenant.
On va le dire d’entrée de jeu. Deadly Premonition 2, comme son prédécesseur, ne plaira pas à tout le monde et c’est peu de le dire. Il y a un gigantesque mur technique à franchir psychologiquement pour apprécier les qualités du jeu. Ce n’est pas beau. C’est mou. Ce n’est pas très plaisant à jouer. Le framerate est à la ramasse. C’est lent. C’est mal rythmé. Souvent on ne sait ni quoi faire ni où aller. Le monde ouvert est vide et mort. Niveau interactions, c’est peau de chagrin. Et pour couronner le tout, les chargements sont nombreux et interminables. Pour avoir envie de progresser dans le jeu, faut y aller. Par contre, le scénario est intéressant par son côté décalé et surprenant ainsi que par l’écriture des personnages. C’est souvent drôle, absurde ou inconventionnel. On a le droit à des réflexions ou des théories fumeuses rien avoir. Les inconditionnels qui ont aimé le premier devrait être ravis. Les réfractaires ne changeront pas d’avis malheureusement car le côté technique reste fidèle au premier, ou plutôt au portage Deadly Premonition: Origins (disponible sur Switch également).
Le premier Deadly Premomition était presque un cas d’école avec tout ce qu’il ne faut pas faire dans un jeu vidéo, mais avec à son cœur un scénario et des personnages complétement fous. Sa suite suit le même chemin en proposant une expérience plutôt similaire. Je ne sais pas si c’est pour la marque de fabrique de la série et ainsi se démarquer des autres jeux, mais le pari est osé. Ou alors, vraiment c’est le mieux que pouvait faire le studio. Dans tous les cas, le jeu est une gifle pour 2020.
Comment décrire Deadly Premonition 2? C’est un peu la question à laquelle j’ai essayé de répondre tout au long du jeu. C’est une blague? C’est assumé? C’est un studio de stagiaires qui était sur le projet ou c’est en hommage au premier Deadly Premonition qui était déjà une catastrophe technique à l’époque. Ils ont voulu exprès faire encore pire techniquement comme un challenge. C’est inclassable.
Etrange et frustrant, c’est ce qui qualifierait le mieux mon expérience sur ce Deadly Premonition 2 : A blessing in disguise. Dès les premières minutes, on est déstabilisé par à peu près tout. La réalisation archaïque, les commandes bizarres, des animations d’un autre temps et des dialogues à la fois sérieux et décalés avec un brin d’humour pince sans rire. On peine à croire que l’on est sur un nouveau jeu de 2020 sur Nintendo Switch.
Deadly Premomition 2 se déroule avant Et après les événements du premier. On commence par une scène d’interrogatoire d’un étrange personnage dans son appartement miteux en 2019. Deux agents du FBI veulent poser des questions sur d’anciennes enquêtes bouclées ce déroulant en 2005 après la découverte d’un corps sectionné pris dans un bloc de glace. On va nous faire revivre cette enquête de 2005 à Le Carré, une petite ville près de la Nouvelle Orléans en Louisiane, USA. Le début, fait énormément penser à la première saison de la série HBO True Detective avec Woody Harrelson et Matthew McConaughey. Bienvenue dans les bas-fonds des bayous de Louisiane.
C’est là que le vrai gameplay commence avec l’agent du FBI, Francis York Morgan, comme dans le premier opus. On s’est auto-chargé de suivre une enquête sur le meurtre sordide d’une jeune adolescente. York, c’est comme ça que tout le monde l’appelle, va interroger les autochtones et visiter les différents lieux de la ville de Le Carré. On est libre de se déplacer un peu où l’on veut comme dans un monde ouvert. Pour se déplacer York y va à l’aide de son skateboard… Oui, un agent du FBI en skateboard. Il s’est fait voler sa voiture, du coup…skateboard. Normal. York doit aussi se reposer, manger, se doucher, se raser, faire laver ses costumes et bien d’autres tracas de la vie de tous les jours. Il faut aussi gagner de l’argent, car il faut payer pour tout et l’hôtel et la nourriture ne sont pas donnés. On va donc d’un endroit à l’autre pour effectuer les missions principales et secondaires.
York est souvent guidé par un oracle qui nous indiquera la voie à suivre pour continuer. Sous la forme d’énigmes, il faut extrapoler et déduire la signification des prophéties de l’homme squelette (l’oracle). York se parle aussi à lui-même, ou plutôt, il parle à Zach, un ami imaginaire (ou pas). Tout le monde prend York pour un dingue, mais ce dernier demande qu’on ne lui pose pas de question à ce sujet. York est aussi un grand cinéphile qui a toujours une référence cinématographique en rapport avec la situation. Il a de théorie sur tout. C’est ce qui fait son charme.
Le jeu est vraiment bizarre pour de petites choses, mais mises bout-à-bout, l’expérience est vraiment particulière. Genre, le cuistot de l’hôtel est le même personnage que le réceptionniste, le concierge, le groume, etc. Il a le même nom, la même tête, on ne les voit jamais ensemble et pourtant il nous assure n’être que des collègues, des personnes distinctes qui se connaissent à peine. Le barman du Owl’s Club se promène toujours en slip avec un chapeau de cowboy, parce que c’est le pays de la liberté. Même le sheriff de la ville n’a pas l’air à sa place. D’ailleurs, il tient aussi un food truck.
Les réactions ou les dialogues, parfois de sourds, sont très différent de ce que l’on a l’habitude. Tout est normale sur un ton sérieux et tout à coup, sorti de nulle part, York ou un de ses interlocuteurs vont tenir un discours rien à voir totalement wtf, sorti du contectexte, avec une théorie fumeuse ou une anecdote complétement décalée. C’est rigolo et parfois on n’y fait même pas trop attention, mais on sent que ce n’est pas normal. Et pour moi, c’est le point fort de ce jeu. Ce ton wtf et les réactions inattendues qui sont en apparence normale, mais qui sont en fait complétement chtarbé.
Parlons déjà des qualités du jeu avant d’entré dans tout ce qui ne va pas. Comme je le disais avant, une grande force du jeu est son écriture étrange et décalée. C’est plutôt bizarre et il est tout à fait possible de ne pas apprécier ce style. Le scénario est plutôt bien écrit dans les grandes lignes. Les personnages sont très charismatiques et caricaturaux, peut-être trop d’ailleurs. Les intrigues tiennent en haleine et les dénouements sont parfois surprenant. On est des fois pas loin des point & click à la Ron Gilbert (Maniac Mansion, Monkey Island, Day of the tentacules), avec des objectifs loufoques et des situations bloquées pour des raisons complétement absurdes. Il faut donc retenir l’écriture du jeu et voilà, c’est tout. Il y a quelques rares musiques qui sont vraiment bonnes.
Passons maintenant à tout ce qu’il ne va pas. Le gameplay, d’abord. C’est une purge. C’est mou, c’est basique, c’est rempli de petits éléments pour gâcher l’expérience. A pied ou en skateboard, rien ne va. Que ce soit les déplacements, la caméra, mais aussi le sound design, tout est à jeter. La visée est lente et peu précise, mais heureusement les ennemis sont tout aussi mous et lents. Le challenge réside dans le nombre d’ennemis et la capacité à ne pas se faire surprendre et coincer. En plus, pour ceux qui ont l’habitude de jouer avec une caméra et une visée inversée (l’axe Y), ils peuvent se la glisser derrière l’oreille. Il n’y a pas d’option d’inversion de l’axe Y. Un patch viendra peut-être corriger cela, mais rien de garanti. Les interactions avec le monde ouvert sont pratiquement inexistantes et quand il y en a c’est mal géré et pénible encore une fois. Les objectifs sont souvent vagues et on ne sait pas où aller. Certaines quêtes peuvent être effectuées directement, d’autres il faut attendre et les faire plus tard, mais on ne sait pas, ce n’est pas clair. Donc souvent on aire dans une ville vide à ne pas savoir quoi faire. Ou pire, on sait quoi faire, mais pas comment.
Techniquement, c’est la cata aussi. Graphiquement, c’est plus que daté. On se croirait à peine sur PS2. Même GTA San Andreas avait certains environnements plus jolis et plus dynamiques. Pour le 1 c’était limite compréhensible, le développement avait commencé sur PS2 puis porté sur PS3 et Xbox 360. Mais là, on est sur un jeu qui devrait être graphiquement actuel. Ce loin d’être le cas. La ville est morte. C’est vide de chez vide. Il y a rarement un véhicule sur la route. Les piétons sont un tout petit peu moins rares, mais ils sont pratiquement immobiles. C’est d’une tristesse. Le plus dynamique, ce sont les écureuils dans les jardins. Et le pire c’est que ce n’est pas fluide pour deux sous. Il y a d’immenses saccades. Les chutes de framerates sont horribles et continuelles. Et pourtant il n’y a pas grand-chose à afficher. Les chargements sont nombreux et terminables. Juste retourner sur la carte principale (la ville de Le Carré), c’est 50 secondes de chargement montre en main, à chaque fois. Rentrer dans un bâtiment, c’est 15-30 secondes facile. Tout cela rend la progression hyper pénible. Pas moyen d’aller vite faire si ou ça. Tout prend une plombe.
Le sound design et le mixage est aussi à la ramasse. Juste le son du skateboard que l’on entend si souvent est à peine digne d’une Soundblaster des années 90. Un intel 486 sans carte son faisait tout aussi bien à l’époque. Par contre, certaines musiques originales avec de vrais instruments et de vrais chanteurs sortent vraiment du lot et donne identité au jeu et ça fait plaisir. De temps en temps, le jeu nous surprend à faire des choses correctement.
Le level design est aussi très lourd. En plus de se promener ou plutôt airer dans les rues vides et insipides de Le Carré, il faut se plier aux horaires des quêtes. Un peu comme dans un Shenmue, certaines missions ne peuvent s’effectuer qu’à certaines heures. L’accessibilité aux bars ou restaurants sont restreint par des horaires. Quelle bonne idée, c’est tellement génial comme concept. Et en plus, le temps défile tellement lentement que d’attendre en devient ridicule. Le temps va 6x plus vite que dans la réalité. C’est-à-dire que 1 heure dans le jeu prend 10 minutes dans la vraie vie. Donc 1 journée, c’est 4 heures de gameplay!! C’est trop lent. Pour ce faire une idée dans GTA 5, c’est un facteur 30. Donc 1 journée, c’est 48 minutes. C’est 5x plus rapide que dans Deadly Premonition 2. Alors ils ont pensé à faire passer le temps en fumant une cigarette ou en retournant dormir à l’hôtel. Encore heureux. Il faut aussi améliorer les stats de son personnage avec des amulettes qu’il faut créer grâce aux objets trouvés dans le jeu. Évidemment, on ne tombe jamais sur les bons. Ça serait trop facile. On peut passer son temps dans les mini-jeux comme le bowling ou le lancer de galets à faire des ricochets sur l’eau et quelques autres tout autant intéressants.
Le jeu propose aussi de l’action dans des genres de donjons qui sont les prémonitions mortelles. Là, York passe dans un autre monde rempli de monstres qu’il devra tuer avec son arme main. Là encore, ce sont des couloirs et des salles sans inspiration qu’il faut nettoyer et progresser jusqu’à une scène qui lèvera en partie le voile de l’enquête en cours. Il y a aussi un boss en fin de donjon, qui n’est pas des plus palpitant.
Sérieusement, ce jeu est une galère à jouer malheureusement. On a l’impression de jouer à une version alpha loin d’être finie. Il faudrait tout revoir des pieds à la tête. C’est dommage car, le ton et l’histoire sont bons et c’est ce qui fait ne pas lâcher le jeu. C’est tellement bizarre, drôle (en quelques sortes) et intriguant que l’on a envie de continuer. Mais le gameplay et le level design pénibles, mous et tellement vides et lourds à la fois viendront à bout des plus téméraires. Il y a trop de chose qui ne vont pas. C’est dommage car le potentiel était bien là. Est-ce que l’idée des développeurs (différent de l’équipe de l’original, mais la même que le portage) était de rester fidèle au premier en tout point qui partageait les mêmes défauts, en gros. Oui, le premier Deadly Premonition est devenu un classique voire un diamant brut pour une petite communauté de joueurs »connaisseurs ». Mais répéter les mêmes erreurs exprès, pour garder ce côté original et authentique, me semble une mauvaise idée. Ou alors ce n’est pas intentionnel. En 2020, ça ne passe plus. Mais, il y a un petit quelque chose qui rend ce Deadly Premonition 2 attachant: son univers, son ambiance particulière et son écriture. C’est un ovni, certes, mais cela ne pardonne pas toutes les faiblesses techniques et les erreurs de level design. Ça tourne mal et ce n’est pas agréable à jouer. Les chargements sont trop longs et trop fréquents. La progression est pénible. Point. Si seulement le jeu avait au moins été à la hauteur techniquement, Deadly Premonition 2 aurait pu être un bon jeu. Vraiment dommage.
Les plus :
- Une expérience vraiment très, très spéciale
- Etrange de bout en bout
- L’écriture du scénario et des personnages déjantés
- Des dialogues souvent décalés
- Un humour…très particulier
- Un univers et une ambiance tout de même attachante
Les moins :
- La progression pénible dû à trop de facteurs
- Manque souvent de direction pour progresser
- Très laid, on dirait un jeu PS2
- Techniquement très loin des standards
- Framerate souvent abominable
- Les chargements nombreux et interminables
- La jouabilité trop souvent atroce
- Les bugs de collision
- L’interactivité dans le monde ouvert réduite au minimum
- La petite ville vide et sans âme de Le Carré
- L’action mollassonne
- Audio en anglais (sous-titré FR)
- Pas moyen de changer l’axe Y!!! (corrigé via update)
Editeur: Rising Star Games
Développeur: Toybox
Platerforme : Nintendo Switch
Date de sortie : 10.07.2020
Genre: Aventure, Action
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