Vous remarquerez sans doute en couverture que le titre ne s’insère pas dans le cadre de l’ouverture en fond, il déborde et je veux croire que c’est volontaire pour s’accorder à l’originalité de ce livre. Une originalité qui donne envie de le lire dans l’édition originale. Non que la traduction soit mauvaise, loin de là, mais que le plaisir de lecture soit plus grand.
Il s’agit de trois récits qui racontent à la première personne trois passages d’une vie. Et ce qui, à mon sens, frappe le lecteur c’est le détachement avec lequel le personnage qui se raconte nous parle de ce qui lui arrive… Comme s’il observait quelqu’un d’autre vivant ce qu’il nous dit… Et nous sommes dedans, comme prisonniers nous aussi. Prisonniers non de la cellule ou de la prison du raconteur mais de son « dedans ». Il nous le fait vivre, à coups de phrases simples, sans verbe comme des suites de sensations, des touches de peinture. Il nous enferme avec lui dans son regard. Et si l’on découvre l’univers carcéral – ce n’est pourtant pas un documentaire – sans savoir pourquoi on a été enfermé, les deux récits suivants nous emportent dans l’enfance avec un regard sur l’amitié et l’apprentissage (?!) du vélo ou la figure du père. Et là le style poétique de l’auteur fait merveille. On notera qu’il s’agit d’un premier roman. Imaginez : raconter en adulte des histoires d’enfants sur un ton enfantin. On pense à Picasso cherchant à retrouver la spontanéité du dessin d’enfant. Avec « Mon compagnon de banc » il arrive à nous faire prendre pour vraie une histoire dont il sait parfaitement qu’elle est imaginaire… Le dernier récit parvient à nous faire nous souvenir de notre passage de l’enfant au pré-adulte… ce n’est pas vraiment l’adulte juste à peine le sentiment que l’on n’en est pas loin, que l’on a changé…
Je ne résiste pas. Voilà deux citations, l’une du début : « A cet instant, je pensai comme il était vrai que la compréhension définitive d’un livre peut être différée jusqu’au moment où il nous arrive, à nous aussi, ce qu’on a lu dans ce livre. » L’autre de la fin : « Malheureusement, il faut une certaine capacité d’abstraction pour accepter le fait que monter à vélo est un truc qu’on ne peut pas expliquer. ».
Bonne lecture.
Dedans
Auteur : Sandro Bonvissuto
Editeur : Métailié
Collection : Bibliothèque italienne
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