Nous savons tous sans doute que Ramuz est un très grand écrivain, cela va sans dire. Mais on sait qu’il vaut mieux le vérifier que se contenter de répéter… A mon humble avis, ce roman en est une preuve évidente. Encore une fois je vous recommanderai de lire l’introduction après lecture de l’œuvre. On a parfois l’impression que ces préfaciers et introducteurs en profitent pour nous dire qu’ils ont compris l’auteur dont ils parlent… et qu’il faut qu’ils nous l’expliquent.

J’aime beaucoup le titre, le mot, le nom Derborence et j’aurais bien aimé qu’un préfacier me propose un historique du ‘mot’. Je vous résume : les gens ont monté les bêtes à l’estive et dans la nuit la montagne s’est éboulée, tuant des gens et des bêtes. Deux mois plus tard, un survivant revient à la surface. Dit comme ça c’est à peine filmable mais vous avez retenu trois mots : gens, montagne, survivant. Et là, sous la plume de Ramuz, cela prend vie et sens. Nous sommes dans des vallées hautes séparées les unes des autres par la langue et les patois plus que par les modes de vie. Antoine Pont est marié depuis deux mois à Thérèse et il a accompagné Séraphin en hauteur. J’ai noté trois ON différents. Un ON générique pour tout le monde et n’importe qui, un ON communautaire pour ceux d’un village, d’une vallée, et un ON individuel qui accueille parfois l’ombre de l’auteur et les perceptions, les sentiments de ces ON rythment l’action des individus qui ont un nom ou un prénom, parfois une simple fonction. Amusez-vous à les repérer. Thérèse, juste avant l’éboulement, perçoit sa grossesse et pendant qu’autour d’elle tous s’agitent après la catastrophe elle pense qu’Antoine est vivant. Et il réapparait ‘sauvage’, sans mémoire, persuadé que Séraphin est vivant, innocent au point de ne pas remarquer le ventre rond de Thérèse. Ses retrouvailles avec le monde et la vie sont un grand morceau de littérature. On le sent bien au bord de la folie… Et la dernière page du livre est consacré à la montagne à Derborence.

Je vous offre une citation : « …l’air était couleur de blé mûr. »

Bonne lecture, lente pour savourer les gens et la nature.

Derborence
Auteur : C.F. Ramuz
Editeur : Zoé
Collection : Poche

www.editionszoe.ch

Derborence
5.0Note Finale

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