A mon humble avis, une belle illustration de couverture, tout à fait dans l’esprit des nouvelles de ce recueil d’un journaliste-écrivain algérien. Remarquablement traduit par Lotfi Nia. Je veux dire par là en respectant ce qui constitue une des richesses des textes : sa diversité de langages en accord avec la diversité des personnages.
Si vous lisez en suivant, marquez une pause après Sonaret, entreprise d’État et abordez lentement Ceux qui parlent aux meubles, vous comprendrez ce que je veux dire. Première remarque : s’il n’y avait des noms de rues et de lieux et quelques références historiques précises concernant l’Algérie, on pourrait presque croire qu’il s’agit de n’importe quelle petite ville, de n’importe quel pays. Deuxième remarque : cela donne beaucoup de relief aux personnages présentés ici et qui, à leur façon, tracent un portrait de l’Algérie. J’ai retenu deux textes qui m’ont, je dirai, ému plus que les autres. Attention ! Je n’établis pas avec cette remarque de hiérarchie qualitative, tous les textes sont bons. Mais Une idée de génie avec son couple sur le point de devoir déménager qui ne peut compter sur la famille et ne trouve rien à louer, et passe des nuits dans une laverie, le mot est en français dans le texte, a quelque chose de mélancoliquement optimiste qui fait le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Mais Ceux qui parlent aux meubles qui renvoie à une certaine nostalgie du ‘glorieux’ temps passé d’une épouse de journaliste reconvertie dans son ancien métier de coiffeuse au salon vieillot et à ceux qui font commerce de ce passé semble en même temps refuser une stagnation annoncée, ne serait-ce que par la présence du jeune ‘brocanteur’. On notera le biais subtil qui universalise l’histoire.
Si vous lisez ce livre dans les transports en commun pour vous donner de l’allant ou chasser les mauvaises humeurs, prenez soin de le couvrir. Ordonnance : une demie nouvelle le matin, une demie nouvelle le soir…
Bonne lecture.
Des choses qui arrivent
Auteur : Salah Badis
Editeur : Philippe Rey
Laisser un commentaire