On me permettra de trouver un certain manque de respect à l’égard de ce roman et de son auteure dans cette réédition. D’abord un inutile changement de titre, en anglais c’est The group et la première version française Le groupe. Puis une insipide illustration de couverture d’un rose malvenu selon mon goût. Ensuite il semble qu’une révision de la traduction – effectuée par deux hommes – aurait évité les étranges ‘souliers de tennis’ et sans doute précisé quelques termes à propos de contraception. Enfin un peu d’appareil critique aurait replacé le livre dans son temps et signalé le film de Sidney Lumet sortit en 1966 qui supporte aisément d’être regardé aujourd’hui.
Le roman raconte ce que vivent huit jeunes femmes qui constituent Le groupe entre 1933 (rappelez-vous 1929 et le New Deal) et le début de la deuxième guerre mondiale. Elles viennent d’achever leurs études et entrent dans la vie. Elles sont bien sûr en gros d’un même milieu bourgeois pour ce qui est de l’éducation, on pourrait presque les dire snobs. C’est vivant, drôle et sans pitié, on suit tantôt l’une, tantôt l’autre. Et l’on mesure à quel point, malgré leurs diplômes, elles sont désarmées. Mais je n’ose imaginer certaines jeunes bourgeoises européennes lisant le chapitre 2 en 1964… C’est celui où Dottie raconte comment elle perd sa virginité. Peut-être que cela ‘passe mieux’ pour celles qui ont lu Le Blé en herbe ou Bonjour tristesse. La première à se marier est Kay, elle a aussi eu une expérience prénuptiale mais elle se refuse à croire que son époux est infidèle.
Je ne sais pas si vous lisez en vous impliquant dans un personnage ou un autre mais là vous ne pouvez vous attarder sur l’une ou l’autre qu’au gré de ce que l’auteure lui donne à/fait vivre, au gré de ce qu’elle dit et dénonce de la condition féminine aux USA, trente ans après la crise économique.
J’ose une citation, la doctoresse parle à Dottie : «’Tout ce qui donne de l’agrément à l’acte sexuel est permis et avouable. Il n’y a pas de pratiques manuelles ou buccales interdites en amour, si les partenaires y trouvent du plaisir.’ Dottie avait la chair de poule. Elle savait à peu près de quoi il était question et elle se demanda avec une sorte d’horreur si la doctoresse, dans les exercices de la vie conjugale, suivait la méthode qu’elle préconisait. » (rappelez-vous, cela se passe vers 1933 et c’est écrit vers 1963).
Conseil de lecture : lisez d’une traite, laissez reposer puis offrez-vous le visionnage du Sidney Lumet.
Des filles brillantes
Auteure : Mary McCarthy
Editeur : Belfond
Collection : Vintage
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