
Pour avoir lu Sur la route de Kerouac très tôt dans ma jeunesse, je me suis un peu passionné pour la Beat Generation. Ça tombait bien, Allen Ginsberg fut ami de Dylan… Mais je dois avouer que c’est seulement depuis peu que j’ai réalisé qu’il y avait des femmes dans l’ombre des hommes de cette ‘bande’. Imaginez un peu, Hettie Jones, 1934-2024, Drive son premier recueil de poésie est récompensé en 1999. Et nous avons sa traduction quelques 25 ans plus tard, alors qu’elle est considérée comme une des voix majeures des femmes de la ‘bande’.
Il s’agit d’une édition bilingue (avec préface des traducteurs) et je vous conseillerai de lire le texte anglais d’abord – vous devez bien avoir quelques restes pour entendre ce que vous lirez – et de vous arrêter lorsque cette méthode vous fatigue. Reposez alors le recueil, vous le reprendrez plus tard.
J’ai noté trois choses importantes : le rapport aux objets, le rapport aux personnes et à soi et enfin un engagement à défendre la femme. Nous ne sommes pas pour moi dans une poésie d’images poétiques, nous sommes dans une poésie qui dit le réel, qui montre du doigt, qui souligne parce que nous ne regardons pas avec assez d’acuité le monde et nous. Ainsi vous lirez un poème intitulé Sonnet qui n’en a pas la forme, comptez le nombre de vers : il y en a 14…, vous trouverez un titre Justice Is Just Ice qui n’a pas besoin d’être traduit. Et vous prendrez connaissance de la vie d’une femme sensible à la vie qui vous livre ses poèmes comme des exutoires doux, comme un manuel de savoir vivre. Elle touche sans larmoyer quand elle s’émeut du sort des couples adultères lapidés.
En citation : un poème en quatre lignes (titre compris)
Auto-Portrait
Le voici :
Je boude toute la journée
en m’observant dans différents miroirs
Bonne lecture lente.
Drive
Auteure : Hettie Jones
Editeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons Poche
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