Le court texte qui présente ce livre en quatrième de couverture est une merveille de concision et de rigueur. L’auteure actrice burkinabé est aussi chroniqueuse pour France Inter. Comme je n’ai vu nulle part qu’il s’agissait d’une fiction, j’en conclus que c’est le récit commenté par elle-même de ce qu’on lui a raconté puis de ce qu’elle a vécu.
Son père fonctionnaire local gérait les finances des fonctionnaires locaux jusqu’au jour où on l’arrêta pour malversation en lui infligeant la prison. Et Roukiata, enveloppée dans un pagne et accrochée dans le dos de sa mère, raconte et subit toutes les démarches maternelles pour tirer son père de prison. Cela va durer deux ans pendant lesquels il faut nourrir les enfants et veiller à ce qu’ils soient bien élevés. On le sait, l’Afrique a été colonisée. Ce que l’on sait moins, je crois, c’est que cette colonisation a laissé sur place un des pires fléaux qui soient : la corruption… Et l’auteure met bien en évidence les effets de celle-ci. C’est assez effrayant. Avant de vous parler d’un autre point important de ce livre, un petit intermède avec l’irruption de l’institutrice locale qui vient demander à la mère de Roukiata de laisser celle-ci, qui n’a pas encore l’âge requis, aller à l’école. L’enfant a suivi clandestinement les cours en regardant par la fenêtre et s’avère douée. L’autre point important, et je vous prie de bien vouloir m’excuser si j’en parle avec maladresse, c’est l’excision. Le passage dans lequel l’auteure parle de son cas m’a rappelé un reportage vu il y a fort longtemps à la télé où l’on voyait sensiblement la même chose. J’avais été choqué et touché par la torture et la mutilation infligé à la « petite » fille qui subissait cela. Mais on ne nous disait rien de ce que cela pouvait occasionner chez la femme.
Une présentation subtile d’un monde que nous connaissons mal. Bonne lecture (de transport en commun pour montrer).
Du miel sous les galettes
Auteure : Roukiata Ouedraogo
Editeur : Slatkine & Cie
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