Une fort belle illustration de couverture pour ce recueil de nouvelles. Une préface d’Olivier Stroh que je vous suggère de traiter en postface. Et comme d’habitude – avec les nouvelles – le conseil de les lire au compte-gouttes. Pourquoi ? Tout simplement parce que le fantastique, ‘l’épouvante’ – pas la vôtre, celle des personnages – impliquent des tics de vocabulaire, des expressions récurrentes. Les retrouver trop vite gâche le plaisir de lecture. Et comme il me semble que malgré le meilleur texte du recueil, Nicolas Liau ne fait, là, guère preuve d’humour, il ne vous faudrait pas déprimer en le lisant d’une traite. Vous noterez cependant qu’il affecte ses ‘héros’ et ‘héroïnes’ de prénoms d’un autre âge et use de mots rares et de tournures particulières pour mieux nous ‘décaler’. Même si l’on s’efforce de l’oublier ou de l’ignorer, la mort est notre sort commun mais ceux et celles que maître Liau nous propose ont avec elle un rapport différent. C’est dans Beaux arpents et Gris épines que cette originalité s’exprime, à mon sens, le mieux. Imaginez un sablier sur chaque tombe et l’obligation pour les vivants de venir le retourner quand cela est nécessaire, imaginez un enfant gris d’avoir trop tardé à respirer à sa naissance et ayant appris à vivre à l’ombre protectrice d’une plante à épines… Mon texte préféré est Chez Tantine. Cette tantine se prénomme Euphrasie et son physique comme son mode de vie (elle s’occupe de ses volailles) font qu’elle est solitaire et ne ‘parle’ qu’à un grand Christ en croix qu’elle a mis dans sa chambre. Un soir d’hiver, Euphrasie tombe et doit rester immobilisée. Fort à propos, on lui envoie Bérengère toute jeune, d’une douceur et d’une bonté d’âme exceptionnelles qui aide sa tante à se remettre mais dénonce systématiquement le Christ en croix comme ‘malfaisant’… Je suis sûr que la fin de cette histoire vous amusera…
Citation : « Spiridion s’écartela les lèvres dans l’expulsion d’un terrible cri muet. ».
Bonnes lectures.
Esquilles et lambeaux
Auteur : Nicolas Liau
Editeur : Flatland
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